Doctor Strange

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Doctor Strange
États-Unis, 2016
De Scott Derrickson
Scénario : C.Robert Cargill, Scott Derrickson
Avec : Benedict Cumberbatch, Chiwetel Ejiofor, Mads Mikkelsen, Tilda Swinton
Photo : Ben Davis
Musique : Michael Giacchino
Durée : 1h55
Sortie : 26/10/2016
Note FilmDeCulte : ****--
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Doctor Strange suit l'histoire du Docteur Stephen Strange, talentueux neurochirurgien qui, après un tragique accident de voiture, doit mettre son égo de côté et apprendre les secrets d'un monde caché de mysticisme et de dimensions alternatives. Basé à New York, dans le quartier de Greenwich Village, Doctor Strange doit jouer les intermédiaires entre le monde réel et ce qui se trouve au-delà, en utlisant un vaste éventail d'aptitudes métaphysiques et d'artefacts pour protéger le Marvel Cinematic Universe.

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Dès la sortie de Captain America : The First Avenger en 2011, alors que nous étions encore dans la Phase 1 des films de l'univers cinématographique Marvel, on commençait un peu à connaître les défauts et les qualités des films indépendemment produit par la firme. Elle les enchaînait avec le même savoir-faire que la maison-mère lorsque celle-ci les publiait dans les années 60, avec toujours le même schéma. Ainsi on reproduisait la formule à chaque film avec toujours une certaine efficacité mais, selon les réalisateurs, les films avaient plus ou moins de coeur, et semblaient guider leurs scénaristes de manière à ce qu'ils mettent l'emphase sur ce qu'il faut afin de saisir le protagoniste au mieux. Au final, c'est sans doute ce que les films du studio auront réussi de mieux: donner naissance à ces personnages avec l'alliance du casting parfait et de la compréhension du héros. Du coup, se succédaient les origin story suivies d'intrigues à grands méchants souvent faiblards, toutes un peu similaires, mais chacune comportant son lot de réussites dans la composition d'un univers.

Cinq ans ont passé depuis et la boîte a su proposer des choses différentes, parce que les suites n'ont plus besoin de poser les bases et parce que même les premiers épisodes (Les Gardiens de la galaxie, Ant-Man) ont su s'éloigner de l'origin story formulaïque. C'est pourquoi on aurait sans doute aimé que Doctor Strange se distingue davantage des films de la Phase 1 qu'il rappelle, un peu petit malgré son budget et témoignant plus que jamais de l'uniformisation Marvel, dans l'image (le directeur de la photographie est le même que sur Les Gardiens de la galaxie et Avengers : l'ère d'Ultron) ou dans le ton (l'humour est omniprésent et ce serait bien que Marvel arrête de vouloir transformer tous ses héros en Tony Stark). Il faut dire que le film a été confié à l'un des réalisateurs les plus anonymes embauchés par Kevin Feige. Habitué des (mauvais) films d'horreur, Scott Derrickson n'apporte pourtant rien de son expérience dans le genre.

Toutefois, le film parvient à se forger sa propre identité de par le nouveau pan de l'univers partagé qu'il explore. Thor avait le cosmos, Doctor Strange a la magie et le mysticisme. S'inspirant ouvertement des films de Christopher Nolan, Derrickson assure le spectacle avec un visuel kaléidoscopique accouchant de scènes d'action concept qui passent pour des réponses en surenchère à Inception et s'inscrivent parmi les plus réussies des Marvel, jadis faibles en la matière. Même en dehors des set-pieces, le délire psychédélique s'avère trippant, comme lorsque le héros ouvre son esprit pour la première fois ou lors du climax où les sorts et la parole l'emportent sur les coups. L'arc du protagoniste, bien que rapide, a l'intelligence de s'inscrire dans une cohérence thématique avec l'intrigue. Si le calibrage est indéniable, il est surtout toujours aussi redoutable. C'est le grand paradoxe justifié des films Marvel qui réussissent à aborder des genres et des univers différents en se fondant dans un tout homogène. Jamais rien ne dépasse, pour le meilleur et pour le pire. Une fois de plus, Doctor Strange témoigne de l'efficacité standard ainsi que des limites de Marvel, et si le film ne convertira pas les allergiques à la formule, le résultat demeure concluant et divertissant.

par Robert Hospyan

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