Djeca - Enfants de Sarajevo
Djeca
Bosnie-Herzégovine, 2012
De Aida Begic
Scénario : Aida Begic
Durée : 1h30
Sortie : 20/03/2013
Rahima, 23 ans, et son frère Nedim, 14 ans, sont des orphelins de la guerre de Bosnie. Ils habitent à Sarajevo, dans cette société transitoire qui a perdu toute compassion pour les enfants de ceux qui sont morts pendant le siège de la ville. Après une adolescence délinquante, Rahima a trouvé un réconfort dans l’Islam et elle espère que son frère suivra ses pas. Leur vie se complique lorsqu’à l’école, Nedim se bagarre violemment avec le fils d’un puissant ministre du pays. Cet incident déclenche une série d’évènements qui permettront à Rahima de découvrir que son jeune frère mène une double vie...
ENFANTS DE TOUS PAYS
La sélection Un Certain Regard 2012 nous aura décidément joué un tour : celui de l’attente sans cesse renouvelée d’une tête qui dépasse dans le peloton des jeunes cinéastes sélectionnés. Il y a certes eu des éclats, mais beaucoup moins que les années précédentes, et cette sélection parallèle ces derniers temps riche en merveilles et découvertes aura surtout ressemblé cette année à une sage photo de classe : mettant au premier rang les élèves les plus appliqués, ceux qui rentrent dans le rang. Djeca – Enfants de Sarajevo, deuxième long métrage de Aida Begic, fait à nos yeux partie de cette catégorie proprette. Malgré ce titre français (à la fois explicatif et réducteur) tout droit sorti d’une compilation humanitaire de 1993, le film évite tout de même la caricature du « film digne » ayant son sujet fort pour simple carte de visite. Et pourtant l’équation « enfant en détresse + traumatisme de guerre + femme voilée », ça faisait un peu beaucoup sur le papier. Ce qui le sauve du didactique pédant et lourdingue à la Samira Makhmalbaf, c’est une humilité bienvenue, qui slalome un peu entre symboles (les feux d’artifices qu’on prend pour des coups de feu) et contexte politique omniprésent. Ces éléments sont certes présents, mais au moins tout ne se repose pas entièrement dessus.
En effet, on voit bien que l’intention d’Aida Begic est plus de faire un vrai film de cinéma qu’un simple exposé (et on aimerait pouvoir en dire autant de tout le monde). Le problème c’est que pour marquer sa présence, la réalisatrice bosniaque applique une formule plus que déjà vue. Ce que l’on appelle le « Kit Rosetta » : personnage principal abrupt filmé de dos par une caméra à l’épaule, fonçant dans le tas face aux ennuis, dans un environnement terne… une formule certes efficace mais depuis tellement exportée, recopiée et diluée qu’elle en a perdu de son impact cinématographique. Et plutôt qu’une mise en scène « coup de poing », on se retrouve paradoxalement avec une mise en scène appliquée, désincarnée. Aux yeux du cinéphile aguerri, Djeca passe alors d’urgent et sanguin à sage et impersonnel. Un film carré mais humble, jamais antipathique ou franchement raté, mais sans grand éclat. On ne peut pas reprocher à la réalisatrice son manque d’honnêteté, mais on peut lui souhaiter de faire preuve d’un peu plus d’imagination ou de personnalité la prochaine fois.