Dix-sept ans
France, 2003
De Didier Nion
Scénario : Didier Nion
Avec : Jean-Benoît Durand, Didier Nion, Héléna Paris
Durée : 1h23
Sortie : 10/03/2004
17 ans, c’est l’âge de Jean-Benoît, apprenti mécanicien diéséliste, ado insaisissable, volcanique et capricieux. Le documentariste Didier Nion a tenté de figer sur pellicule des morceaux de sa vie d’engueulades, de déceptions et de fulgurances, entre son boulot, sa mère et sa petite amie.
PENDANT QU’IL N’EST PAS TROP TARD
Diffusé il y a des mois sur Arte, avec un joli succès critique, le beau documentaire de Didier Nion arrive enfin dans nos salles. Il y aurait sans doute matière à s’interroger sur cet embarrassant laps de temps avant l’exploitation de ce film au financement chaotique. D’autant que, son titre l’indique suffisamment, Dix-sept ans s’inscrit clairement dans la chronologie intime d’une trajectoire particulière. Celle de Jean-Benoît, acteur d’une fiction du réel comme l'on en trouve par exemple dans le naturalisme brut du cinéma des frères Dardenne. A le regarder tuer son adolescence sous l’œil de la caméra, piochant au hasard alentour, refusant les mains tendues, hypothéquer son avenir, affronter chaque jour comme un nouveau combat contre sa mère, contre l’institution, contre sa petite amie, même contre Nion, et surtout contre lui-même, c’est une multitude de possibles suites qui s’ouvrent à l’horizon. Et qui trouvent sans doute leur réponse aujourd’hui. Délesté de l’attirail esthétique de plus en plus courant du documentaire, l’image tremblée de la DV en tête, le film de Didier Nion, avec sa photo travaillée, ses accidents de pellicule bienvenus (les altérités de fin de bobine qui closent le film, par exemple), pourrait brouiller les marques. Pourtant, c’est surtout la persistance de la fiction de l’écran vers le réel que l’on retient, et qui distingue Dix-sept ans d’œuvres fermées et intenses telles que Rosetta ou Le Fils. Il est d’ailleurs permis de douter, en dépit de toutes ses qualités immédiates, de sa bonne résistance au temps. L’urgence de la découverte s’impose donc avec insistance.