District 9
Afrique du Sud, 2009
De Neill Blomkamp
Scénario : Neill Blomkamp, Terri Tatchell
Avec : Nathalie Boltt, Jason Cope, Sharlto Copley, Sylvaine Strike, John Summer, William Allen Young
Photo : Trent Opaloch
Musique : Clinton Shorter
Durée : 1h52
Sortie : 16/09/2009
Cela fait plus de vingt ans qu'un vaisseau alien est stationné au dessus de Johannesbourg, son million d'habitant a été déplacé dans un bidonville juste en dessous et vit depuis dans des conditions insalubres où des petits trafics s'organisent ici et là. Afin de régler la situation, la MNU, un consortium paramilitaire, veut déplacer la population alien dans un nouveau bidonville. Wikus van de Merwe, employé administratif de la MNU, est chargé des expropriations et va rentrer en contact avec une technologie alien qui va le faire muter.
SLUMDOG ALIEN
Lorsque le projet Halo a vu ses financiers retirer leurs billes, son producteur Peter Jackson proposa au réalisateur, le jeune pubeur sud-africain Neil Bomkamp, de rebondir sur un projet de son choix avec un « petit » budget de 30 millions de dollars. Fran Walsh suggéra alors de développer une version longue de son court métrage Alive in Joburg, qui racontait déjà en style semi documentaire l'impact de l'arrivée de réfugiés venus d'une autre planète. District 9 s'avère être au final une agréable surprise dans un été aux blockbusters tous plus décevants les uns que les autres. Blomkamp a su imprimer un style âpre, éloigné des canons américains, refusant d'aseptiser ses images, filmant la chitine des aliens baignant dans la crasse et les ordures. Le parallèle avec la jeunesse du réalisateur passée au milieu de la ségrégation de l'apartheid est évident. Méfiance et discrimination envers les aliens sont largement traitées dans la première partie au travers de témoignages d'experts et d'anonymes, dissertant sur le « problème » alien. Tout le début du métrage se concentre sur l'opération d'éviction des aliens dans un nouveau bidonville. Le réalisateur induit une tension galopante, introduisant les divers protagonistes jusqu'à l'élément qui va faire basculer l'histoire: l'exposition du protagoniste à une substance alien qui va le faire transformer en créature hybride.
BAD BODY DOUBLE
Jeune prodige de la pub et des effets spéciaux – la publicité Citroën Transformers, c'était lui – Neil Blomkamp maitrise parfaitement sa caméra et ses effets. Les incrustations des créatures numériques sont absolument parfaites et au-delà de la prouesse technique, une certaine personnalité émerge de ces images ne craignant pas la crasse. Comme un manifeste post-cinéma qui assume enfin l'influence des jeux vidéos (l'arsenal alien fait penser à celui d'Half-Life) et s'impose comme un véhicule viable pour cet univers, loin des adaptations ciné d'œuvres vidéoludiques en grande majorité (très) mauvaises. Seulement Blomkamp en oublie de peaufiner son script et la jubilation des deux premiers tiers laisse place à un dernier acte très convenu, se limitant à un shooter certes toujours aussi efficace, mais sans aucune originalité, similaire à ce que ferait un Michael Bay peu inspiré. Le traitement des extraterrestres connait aussi la même dichotomie: leur plastique est parfaite, mais leurs actions et motivations semblent être un calque sans imagination de la psychologie humaine basique (courage, sacrifice, remords, protection des enfants) là où il aurait été intéressant d'explorer des pistes moins rabattues. Pourtant, District 9 possède une touche atypique qui le rend fondamentalement attachant et on attend avec impatience de voir ce que Neil Blomkamp fera ensuite, avec on l'espère un meilleur scénario.