Dikkenek

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JC est le parfait exemple du Dikkenek belge: frimeur, grande-gueule, Mr. Je-sais-tout. Il ne voit son rêve d'une belle vie sur une plage ensoleillée qu'à travers la vitrine d'une agence de voyages, alors il se contente de donner des leçons à tout le monde. JC est aussi un tombeur hors pair, ce qui n'est pas le cas de Stef, son ami de toujours. Tandis que les blagues, la baise, la baston et le vol de voitures, apportent à JC le bonheur quotidien, la bonne humeur permanente de Stef n'est qu'une façade qui cache son malaise existentiel.

NOS BEAUFS

Tandis que la comédie française — avec deux exceptions notoires: OSS117 et Palais royal! — ne sait que faire de ses beaufs encombrants, le cinéma belge, jamais dernier sur le front de l'autodérision, accouche, avec Dikkenek ("gros cou" en VF), film choral en apnée chez les gros Johnny, d'un tapageur monstre bas du front. Et, du même coup, donne une leçon de sémantique, réaffirmant l'élémentaire ligne de démarcation entre, d'une part, la paillardise (complaisance à nichons et bob Ricard) et, d'autre part, la satire (pavé dans la mare de la connerie). On ne fera pas l'erreur d'ériger une statue au premier long d'Olivier Van Hoofstadt, en aucun cas irréprochable (à lui aussi, par exemple, le regrettable virus du premier rôle féminin creux, mais libidineux, prétexte à une inutile romance). On tient toutefois à en reconnaître les vertus zygomatiques et, surtout, à en préciser la source: là où la comédie française ne jure, dans le sillage du petit maître fort déclinant Veber, que par le rythme, le rythme et encore le rythme, s'engluant dans des typologies narratives éculées et banales, ou courant vainement après une certaine efficacité à l'américaine, Dikkenek fait office de piqûre de rappel bienvenue.

LA MÉCHANCETÉ DANS LA JOIE

Un autre humour est donc possible, qu'il serait trop facile de limiter à sa belgitude: vachard, acéré, offensif — en un mot méchant. Quelle comédie française oserait faire visiter un musée du crash à une orpheline de la route scarifiée? Laquelle, encore, traiterait du GHB sur le mode, décomplexé, de l'humour noir? De la misère sociale? Du racisme ordinaire? De la violence? De la malbouffe? Et tout cela sans se soucier de la seule "valeur dramatique" de la chose, démarche étouffante à tout le moins? Sans craindre de décoiffer ou de donner le mauvais rôle à ses stars (les têtes d'affiches, de Marion Cotillard à Jérémie Régnier, en passant par les géniaux François Damiens et Florence Foresti, étant ici malmenées sans ménagement et se lâchant avec jubilation)? Toutes questions déjà posées et globalement restées sans suite, au temps où Benoît Poelvoorde donnait la très wallonne recette du petit Grégory. Ironie de l'affaire, c'est à Luc Besson, producteur — une fois n'est pas coutume — avisé, qu'on doit la leçon du jour.

par Guillaume Massart

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