Die Hard : belle journée pour mourir

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Die Hard : belle journée pour mourir
A Good Day to Die Hard
États-Unis, 2013
De John Moore
Scénario : Skip Woods
Avec : Bruce Willis
Photo : Jonathan Sela
Musique : Marco Beltrami
Durée : 1h37
Sortie : 20/02/2013
Note FilmDeCulte : **----
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John McClane est vraiment au mauvais endroit au mauvais moment après s’être rendu à Moscou pour aider son fils Jack, qu’il avait perdu de vue. Ce qu’il ignore, c’est que Jack est en réalité un agent hautement qualifié de la CIA en mission pour empêcher un vol d’armes nucléaires. Avec la mafia russe à leur poursuite et la menace d’une guerre imminente, les deux McClane vont découvrir que leurs méthodes radicalement différentes vont aussi faire d’eux des héros que rien ne peut arrêter.

PIÈGE D’ÉCRITURE

Il est assez difficile de juger une suite de Die Hard parce qu'il est assez difficile de faire une suite à Die Hard. Qu'il s’agisse du pitch ou de l'action, la licence n'a pu qu'évoluer avec les années et avec le genre. Du point de vue du concept, on ne peut répéter la formule ad nauseam. 58 minutes pour vivre (Renny Harlin, 1990) est tout à fait honorable, sa seule tare étant de remaker le précédent en plus vulgaire. Une journée en enfer (John McTiernan, 1995) avait au moins la jugeote de ne pas reproduire ce schéma et de justifier la présence du héros. Mais Die Hard 4 : retour en enfer (Len Wiseman, 2007) remake mal le précédent. Le constat à faire de cette franchise, du moins le constat que devraient en faire les producteurs, c'est que le concept de la série n'est pas défini par l'unité d'espace mais par le personnage qui donne son titre au film : l'increvable John McClane. Ce qui fait Die Hard, ce n'est pas bêtement qu'il est "toujours au mauvais endroit au mauvais moment" (comme l'affichaient l'un des slogans et l'une des répliques du quatrième volet) mais qu'il n'est qu'un humain contraint d'agir (quasiment) seul, Bruce Willis étant une alternative humaine aux stars musclées des années 80. Du point de vue de l'action, la saga est contrainte de vivre avec son temps. On préfèrerait éviter les voitures qui volent comme dans le Wiseman, mais on ne peut calquer le standard du film d'action 80's qu'était Piège de cristal (John McTiernan, 1988). On risquerait d'obtenir un film avec 20 ans de retard. Harlin et McTiernan ont su proposer un plus gros spectacle tout en restant terre-à-terre - et le second avait même su apporter un peu de fraîcheur en adoptant la caméra à l'épaule. L'action doit donc, au même titre que McClane, rester humaine. En un mot, on ne veut pas voir McClane dans un camion sur un pont qui s'écroule face à un F-14 (cf. Die Hard 4). Sans jamais tomber dans ce genre de surenchère improbable sur ce cinquième opus, John Moore finit quand même par s'y vautrer un peu à la fin, faisant de McClane non pas un dur à cuire mais un mec qui devient vraisemblablement plus invincible au fur et à mesure qu'il vieillit (tout en délaissant ce que l'âge de l'acteur pourraient apporter d'intéressant au protagoniste). Toutefois, dans un premier temps, le metteur en scène est suffisamment malin pour ne pas répéter les erreurs de Wiseman. On peut apprécier la mise en route de l'intrigue ici, certes un raccourci mais la justification du deus ex machina fonctionne et surtout, le script propose durant la première heure un autre type de récit que celui auquel la franchise nous avait habitués, avec une sorte de fuite non-stop. Ça démarre vite, ça ne s'arrête pas, et ça change des précédents volets.

NOTHING LASTS FOREVER

Malheureusement, ces bons points sont vite néantisés par le traitement que Moore et le scénariste Skip Woods (Opération espadon, Hitman, Wolverine) font de ce postulat. Pendant près d'un quart d'heure, McClane ne fait que crier "Jack!" et piailler des blagues pourries. Comme un vieux, il parle tout seul, et l'acteur passe le film avec son Sourire en Coin copyrighté, campant un personnage visiblement détaché de tout ce qui arrive. Par ailleurs, sans s'attendre à une cohérence à toute épreuve, le je-m'en-foutisme avec lequel McClane massacre la ville au début, tuant ou blessant très probablement une cinquantaine d'innocents, ne cadre pas du tout avec le personnage. Ce dernier n'a plus rien d'humain, rien ne le touche. De plus, le potentiel de buddy movie à la Indiana Jones et la dernière Croisade est évidemment sous-exploité - même si Jai Courtney n'est pas déplaisant dans le rôle de McClane Junior - avec d'inévitables scènes de conflit père-fils traitées par-dessus la jambe, pour la forme. Quand bien même le spectateur serait prêt à faire le deuil de la saga ou d'un film un tant soit peu habité, dans l'action aussi, Moore assure à peine. La poursuite en voiture qui sert de premier morceau de bravoure est sympathiquement longue mais trop confuse, comme les fusillades qui suivront, même si du chaos s'extraient parfois quelques plans puissants de cascades (le camion qui défonce tout, l'évasion à travers les échafaudages). Court et peu inspiré, Die Hard : Belle journée pour mourir - oui, les titres ne s'améliorent pas avec le temps - fait davantage figure de série B que ses prédécesseurs. Un certain quota sympathie peut alors se dégager de cette absence de prétention mais si durant les deux premiers tiers le rythme fait illusion, la relocalisation de l'action pour le troisième acte flingue la propulsion du récit et très vite, tout part en vrille. Un retournement désespéré ne parvient pas à donner au film un méchant conséquent et l'outrance de l'action fatigue. Mais le plus impardonnable, c'est ce plan au ralenti où McClane saute d'un immeuble où se crashe un hélicoptère en faisant un doigt d'honneur au pilote. A ce moment-là, on a vraiment pitié de ce que l'acteur, le personnage et la franchise sont devenus.

par Robert Hospyan

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