Dialogue avec mon jardinier
France, 2007
De Jean Becker
Scénario : Jean Becker, Jean Cosmos d'après d'après l'oeuvre de Henri Cueco
Avec : Hiam Abbass, Daniel Auteuil, Alexia Barlier, Fanny Cottençon, Jean-Pierre Darroussin, Elodie Navarre
Photo : Jean-Marie Dreujou
Durée : 1h45
Sortie : 06/06/2007
Ayant acquis une honnête réputation de peintre parisien, un quinquagénaire fait un retour aux sources et revient dans le centre de la France profonde prendre possession de la maison de sa jeunesse. Autour de la bâtisse s'étend un assez grand terrain qu'il n'aura ni le goût, ni le talent d'entretenir, aussi fait-il un appel à candidature, par voie d'annonce locale. Le premier candidat (qui sera le bon) est un ancien complice de la communale, perdu de vue et ainsi miraculeusement retrouvé. Il sera le jardinier. Le côtoyant au long des jours, le peintre découvre par touches impressionnistes un homme qui d'abord l'intrigue puis l'émerveille par la franchise et la simplicité de son regard sur le monde.
UNE GRANDE ANNEE
Le cinéma de Jean Becker est souvent, et injustement, appelé (pour ne pas dire traité) de cinéma "de papa". En effet, depuis son très joli Les Enfants du marais (1998), Becker n’a de cesse de venir tourner ses œuvres dans la France rurale, celle que certains nomment péjorativement "d’en bas", pour y essayer aussi bien la gentille comédie (Un crime au paradis, 2000) que la comédie dramatique à odeur de naphtaline (Effroyables Jardins, 2003). Avec ce Dialogue avec mon jardinier, il vient cette fois-ci faire un tour du côté du ton doux amer pour nous narrer cette histoire d’amitié et continuer son petit bonhomme de chemin vers un genre que l’on pourrait nommer cinéma "de bien-être", fait de paysages bucoliques et d’instants savoureux comme une bouteille de rosé que l’on aurait fait rafraîchir au pied du lac dans lequel on aime pêcher avant d’entamer la sieste. Malheureusement pour nous, ce qui se promettait comme un doux et agréable moment de détente finit presque sous forme de roupillon détaché. Car la relation passionnée qui unit le rat des villes au rat des champs prend souvent trop le temps de s’embourber dans des dialogues sans fin et parfois trop démonstratifs, cassant alors trop vite le charme désuet de certaines images et séquences. Et même si on ne doute jamais de la sincérité du réalisateur et de son très juste casting, on a parfois du mal à rentrer dans la conversation entre les deux comparses tant leur débit ne laisse aucun répit ni même aucune ouverture. Alors au mieux on aura passé 1h45 à simplement se régaler d’un jeu d’acteur et de paysages fort agréables mais pas vraiment reliés par un fil rouge, au pire on se remémorera les œuvres passées du metteur en scène, comme Elisa (1995) ou L’Eté meurtrier (1983) en se disant que ce Dialogue aura du mal à entrer concrètement dans la postérité de sa filmographie.