Des trous dans la tête!
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Brand upon the brain!
France, 2007
De Guy Maddin
Scénario : Guy Maddin, George Toles
Avec : Isabella Rossellini
Durée : 1h35
Sortie : 24/09/2008
Guy Maddin passe sa jeunesse en compagnie de sa soeur adolescente, sur l'île mystérieuse dont il héritera un jour. Ils partagent cet endroit avec une horde d'orphelins vivant en communauté dans le phare, qui fait office d'orphelinat. Chacun de leur geste est rigoureusement surveillé par la mère dominatrice et tyrannique de Guy, depuis le sommet du phare, pendant que son père, un scientifique et inventeur, travaille de jour comme de nuit dans le plus grand secret, au sous-sol. Lorsque de nouveaux parents adoptifs découvrent d'étranges blessures sur la tête de leurs enfants, les jeunes détectives Wendy et Chance Hale - frère et sœur plus connus sous le nom des "Enfants Lumière" - se rendent sur l'île de Guy pour y mener leur enquête.
DÉTROUSSER LA TÊTE
Il y a toujours cette crainte, quand on se lance dans un Guy Maddin, que la virtuosité technique pure étouffe dans l'œuf la promesse d'un film. On connaît le credo du cinéaste de Winnipeg : retrouver la puissance graphique expressionniste du cinéma muet, dans un assemblage moderne et complexe, tissé d'un nombre invraisemblable de plans, télescopant époques et techniques, noir et blanc et couleur, muet et envolées sonores, narration intime et souvent autobiographique, et pourtant surréaliste et hautement baroque. De ces riches contradictions, Maddin est capable d'extraire le pire (performances anecdotiques, empilements vains, ainsi le récent et raté court métrage Mon père a cent ans, commande d'Isabella Rossellini à la mémoire de son père) comme le meilleur (alliance bouleversante entre le fond et la forme, exemplairement atteinte dans l'immense The Saddest Music in the World, son chef-d'œuvre). Et l'on donne ici, bonne nouvelle, dans le haut du panier : malgré l'épuisement rétinien prodigué par un montage poussant parfois jusqu'au subliminal, Des trous dans la tête! parvient à émouvoir et à dépasser l'hypnose stroboscopique. La démesure de The Saddest... (son film le plus cher à ce jour) cède sa place à un entre-deux entre un intimisme parfois bricolo, voir la cabine du phare bidouillée entre deux draps, et une coloration serial tout à fait enthousiasmante. La mixture entre le drame familial et la comédie d'aventure pourrait s'avérer indigeste : elle ne l'est pas, Maddin abordant le tout avec le plus grand sérieux, épaulé en cela par la voix habitée d'Isabella Rossellini.
