Le Dernier été de la Boyita
Ultimo Verano De La Boyita (El)
Argentine, 2010
De Julia Solomonoff
Scénario : Julia Solomonoff
Avec : Guadalupe Alonso, Nicolas Treise
Photo : Lucio Bonelli
Musique : Sebastian Escofett
Durée : 1h30
Sortie : 08/09/2010
Ne partageant plus les jeux de sa soeur aînée devenue adolescente, Jorgelina part en vacances avec son père dans un ranch. Elle retrouve le jeune Mario, qui a peu de temps à lui consacrer tant il est sollicité par les tâches du ranch. Une complicité les conduit à échanger leurs secrets... A partir du point de vue d'une petite fille qui découvre l'adolescence et ses mystères, le film raconte un été pas comme les autres , où les jeux de l'enfance se terminent et une identité sexuelle commence.
LA FIN DE L'INNOCENCE
Deuxième long métrage d'une réalisatrice venue d'Argentine, ex-assistante de Walter Salles ou encore d'Isabel Coixet, Le Dernier été de la Boyita fait le récit de la perte d'innocence de deux enfants, dans un décor pastoral propice aux mystères et aux découvertes. Ceux qui pensent, avec un tel pitch, avoir déjà vu le film avant même d'y jeter un œil se trompent: Julia Solomonoff réussit avec talent à s'éloigner du programme imposé, faisant preuve d'une sensibilité essentielle pour traiter les ambiguïtés de ses questionnements sexuels. Dès le générique, illustré à la façon d'un manuel de médecine, Solomonoff offre un regard clinique de la sexualité, à l'image de cette séquence où la jeune héroïne parcourt les pages d'un livre qu'elle referme bien vite. La crise identitaire à hauteur d'enfants, celle qui intéresse la réalisatrice, pose d'autres questions, voit le monde autrement. Dans Le Dernier été de la Boyita, l'inquiétude, la défiance, sont adultes, même si à cet âge clef, pas encore adolescents mais plus vraiment enfants, Jorgelina s'interroge, tandis que Mario ne se débarrasse jamais vraiment de cet air soucieux. Solomonoff dédramatise, ligne de conduite qu'elle tiendra jusqu'au bout, au plus près du point de vue de ses jeunes héros.
Pourtant, quelque chose se passe. Aux fleurs des prés succèdent ces plans sur des fruits visités par des insectes. Le décor est pourtant celui d'un paradis, proche d'un poster pour jeune fille: des chevaux en liberté sous un ciel de vanille. Mais le paradis est peut-être perdu. Les enfants croisent une peau de serpent, c'est l'heure de sa mue. On guette les premières règles, on se teste à des jeux virils (des courses de chevaux). Solomonoff filme la puberté, le passage d'un âge à un autre non pas comme une anecdote de vacances, mais comme une véritable métamorphose. L'été s'achève, et rien ne sera vraiment comme avant. Avec grâce (la lumière sur le visage défait de la mère, apprenant la vérité) et sens de l'ellipse (le dénouement entre Jorgelina et Mario, comme fantasmé), Le Dernier été de la Boyita se distingue et fait de sa réalisatrice un nom à suivre.