Défi (Le)
France, 2002
De Blanca Li
Scénario : Blanca Li, Gérard Martin
Avec : Sofia Boutella, Benjamin Chaouat, Amanda Lear, Blanca Li, Marco Prince, Christophe Salengro
Durée : 1h34
Sortie : 22/05/2002
David, lycéen de terminale passionné de danse hip-hop, rêve de remporter la sélection du World Battle de New York avec son groupe, les UCB. Mais pour y arriver, il doit faire face à l'amour trop pesant de sa mère Elena et surtout affronter le groupe rival les LD.
Le Défi tient plus de la danse filmée que d'un film à proprement parler, ce qui est loin d'être étonnant quand on sait que la réalisatrice/scénariste n'est autre que Blanca Li, chorégraphe espagnole émérite ayant travaillé pour de nombreux clips, films et autres spots publicitaires. On s'accordera donc à dire qu'au niveau purement cinématographique, ce film n'est pas une merveille. Le scénario, très superficiel, est des plus banals, les personnages sont caricaturaux et peu fouillés et la réalisation n'a vraiment rien d'exceptionnel. Mais qu'importe, dans le fond, puisque Blanca Li est loin de se prendre au sérieux et nous prouve dès l'ouverture que tout ceci n'est qu'un prétexte pour mettre en scène de la danse, ce qu'elle fait à merveille.
Passant sans scrupule de la break-dance à la salsa, du vieux jazz à la danse du ventre, du Tai-shi au jazz-funk, de la danse hindoue à la gym en salle, Blanca Li nous offre un vocabulaire chorégraphique des plus complets, montrant ainsi que la danse, et en particulier le hip-hop, n'est pas un art rigide et cloisonné. De plus, les protagonistes dansent partout, dans la rue, dans les parcs, sur les toits des voitures, sur des blocs en bétons, dans des rampes de skate, dans des escaliers, dans un taxi, dans un entrepôt désaffecté, dans un jardin boueux, dans un salon, dans une mini chambre à coucher, sur une table basse, dans une cabine d'essayage. La danse est présentée comme un élément de la vie quotidienne qui puise son inspiration dans nos gestes de tous les jours (voir la scène de David dans le parc qui passe en revue les différentes techniques du hip-hop).
Il y a donc une forte idée d'interactivité, que Blanca Li montre également dans le rapport danse-cinéma (est-ce un clin d'oeil de voir dans ce film Christophe Salengro, l'un des personnages principaux de Shazaam, le ballet de Découflet consacré à la relation danse-cinéma?). Il y a bien sur les références aux grandes comédies musicales à travers des films que le groupe regarde, et des chorégraphies directement inspirées de Chantons sous la pluie (la scène dans le salon d'Elena qui rappelle Moses supposes, la descente de l'escalier de David qui fait penser à Gene Kelly chantant Singing in the Rain) et autres musts du genre (les deux scènes de "combat" en boîte de nuit à mi-chemin entre West Side Story et les grands ensembles de music-hall). Mais il y a également la très bonne idée de Blanca Li de passer en accéléré certaines scènes non dansées, les transformant ainsi en chorégraphies survoltées. Tout ceci donne une continuité parfaite au film et l'on ressort de la salle avec l'impression d'avoir vu un spectacle de danse très diversifié et d'une excellente qualité.