Death is my Profession
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Marg kasb va kare man ast
Iran, 2012
De Amir Hossein Saghafi
Scénario : Amir Hossein Saghafi
Durée : 1h30
Dans une région montagneuse d’Iran, trois ouvriers n’arrivent plus à subvenir aux besoins de leur famille et se retrouvent contraints de voler, pour les revendre, des câbles de lignes à haute tension. Au cours d’un de ces vols, ils tuent quelqu’un accidentellement et se transforment alors en fugitifs…
PAVÉ DE BONNES INTENTIONS
Question d’ordre général : pourquoi le cinéma iranien tel qu’on le connait chez nous (via les films sortis en salles ou sélectionnés en festival) est-il aussi souvent didactique et symbolique ? La moindre querelle de voisinage, la moindre fillette égarée ou autre mini-drame domestique devient prétexte à une grille d’interprétation de la société entière, donnant à chaque film (parfois malgré eux ?) un côté leçon d’éducation civique. Certains cinéastes iraniens évitent évidemment ces écueils grâce à une réel talent de mise en scène (Kiarostami, Panahi…), mais pour ces références-là, combien de paresseuses déclinaisons et de suiveurs ?
Death Is My Profession a pour mérite de commencer sur une note surprenante. Dans ce contexte ce n’est pas la moindre des qualités. En jouant la carte du thriller noir et même de scènes d’action, le film trouve un rythme aussi soutenu qu’inattendu. L’autre surprise (un peu moins bonne cette fois), c’est que le registre en question ne tarde pas à disparaitre pour laisser place à la tragédie pure et dure. Et c’est là que les symboles viennent pointer le bout de leur nez. Après sa mise en place introductive, Death Is My Profession ne raconte finalement que le chemin de croix de ses personnages perdus dans la neige et la culpabilité. Coupables, juges, innocents, tous se retrouvent imbriqués et punis pour un même crime, forcés (on ne sait pas exactement pourquoi) à escalader une montagne (sacrée ?) à la recherche du salut, au sens propre comme au figuré. Se délestant de leurs fardeaux, habits, recouverts par la neige, plus aucune différence ne peut bientôt être faite entre le calvaire des coupables et le calvaire des innocents. C'est bon, vous avez compris le symbole, là ?
Au moins Amir Hossein Saghafi a-t-il le bon goût de ne pas pousser le didactisme jusqu’au concept, comme dans l’autre film iranien de la compétition, le pédant Querelles/Mourning, mais il échoue quand même sur les deux tableaux. Les personnages ne dépassant jamais vraiment par leur épaisseur le statut d’archétype (et encore, ce terme reste généreux), difficile de ressentir pour eux toute l’empathie nécessaire pour rendre la tragédie poignante. Sans vouloir être trop scolaire à notre tour, c’est bien la règle d’or du genre : sans personnage fort, pas d’émotion forte. Ne reste du film que les pesantes ambitions qui aussi louables soient-elles, crèvent les yeux avec beaucoup trop d’insistance et de balourdise. Tout comme l’inatteignable sommet de la fameuse montagne, elles s’avèrent bien trop hautes pour le talent limité du cinéaste.
