Date limite

Date limite
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Date limite
Due Date
États-Unis, 2010
De Todd Phillips
Scénario : Todd Phillips, Adam Sztykiel
Avec : Robert Downey Jr, Jamie Foxx, Zach Galifianakis, Michelle Monaghan
Photo : Lawrence Sher
Musique : Christophe Beck
Durée : 1h35
Sortie : 10/11/2010
Note FilmDeCulte : ****--
  • Date limite
  • Date limite

Cinq jours séparent Peter Highman du jour où il sera père pour la première fois, au terme de la grossesse de sa femme. Tandis qu’il se dépêche de prendre un vol d’Atlanta pour être à ses côtés pour la naissance, ses meilleures intentions s’en vont à vau-l’eau. Une rencontre fortuite avec Ethan Tremblay, un acteur en quête de reconnaissance, force Peter à faire de l’autostop dans une virée qui va le mener à travers le pays, détruisant au passage plusieurs voitures, de nombreuses amitiés et sa dernière résistance.

VERY BAD ROAD TRIP

Après des débuts en tant que documentariste, Todd Phillips a entamé sa carrière au cinéma avec une série de comédies pas toujours convaincantes, du post-American Pie (Road Trip) à l'ère Ben Stiller/Will Ferrell (Back to School, Starsky & Hutch). Avec Very Bad Trip l'an dernier, le metteur en scène semble avoir trouvé le ton juste et avec Date limite il continue son exploration des dynamiques masculines, avec tout ce que cela comprend d'antagonisme et d'émulation. Si le concept de son nouvel opus, s'inspirant de road movies tels que Midnight Run ou Un ticket pour deux, est moins original que le postulat de départ de son précédent, l'écriture paraît plus assurée. Very Bad Trip s'articulait autour de plusieurs séquences marrantes mais le rythme général était plus pépère, tandis qu'ici nous avons droit à une avalanche de gags qui ne ralentit que très rarement. Thématiquement aussi, le film est un poil plus profond. Attention, on reste face à un arc narratif de base dont la moralité éventuelle est prévisible dès l'annonce du pitch mais ce minimum syndical confère un aspect un tant soit peu plus touchant au parcours des protagonistes. Le film a le courage de choisir comme protagonistes deux mecs assez antipathiques (qu'il va évidemment s'amuser à punir tout le long comme une thérapie de choc) et a les épaules - enfin surtout celles des acteurs - pour que ça tienne la route. Regarder le gros connard campé par Robert Downey Jr. en foutre plein la gueule à l'ahuri incarné par Zach Galifianakis est un spectacle assez jouissif.

L'année 2010 aura vu Downey briller dans trois rôles partageant, à des degrés divers, une certaine similarité : qu'il s'agisse du tantinet hautain Sherlock Holmes, déjà au sein d'un tandem (sauf que Phillips a la bonne idée d'inverser ici les rôles, confiant à Downey celui du personnage "sérieux", contrairement à ses précédentes performances comme dans Kiss Kiss Bang Bang face à Val Kilmer), ou de Tony Stark, plus arrogant encore dans Iron Man 2, ou donc de Peter Highman, dans le cas présent, le plus odieux de tous. Chacun porte une fêlure, se pare comme il peut de sa condescendance, et chacun a évidemment à la fois raison et tort. Cette dichotomie, si elle reste assez classique, offre tout de même au film certains moments de noirceur dans l'humour assez originaux et osés. C'est ce courant-là qui traverse le film et, allié à une écriture assez habile, parvient à donner le liant nécessaire à ce qui aurait pu tomber dans le piège de beaucoup de comédies récentes , la succession de vignettes. Ici, les personnages existent, l'intrigue est claire, le rythme est maîtrisé. Tout l'inverse de ce que font Adam McKay et Will Ferrell dans leurs films (Frangins malgré eux, Very Bad Cops). Pas besoin d'improvisations qu'on laisse durer mille ans pour être drôle. A ce titre, bien qu'il tienne un rôle identique à celui qu'il avait dans Very Bad Trip, Galifianakis montre comment on joue un gaffeur excentrique de manière crédible. Ses yeux bleus trahissent une certaine naïveté triste et touchante, à l'inverse du regard vide de Ferrell. S'il pousse tout de même parfois trop loin (toute la scène sous drogues, évidemment, qui s'emboîte dans la suivante avec les douaniers et ce qui s'ensuit, sont des passages les plus abusés et les plus faibles), Date limite adopte le reste du temps une démarche assurée, enfile les gags cultes et s'impose comme la meilleure comédie de l'année.

par Robert Hospyan

Commentaires

Partenaires