Festival de Gerardmer : The Dark
Autriche, 2018
De Justin P. Lange
Scénario : Justin P. Lange
Avec : Nadia Alexander, Toby Nichols
Photo : Klemens Hufnagl
Durée : 1h34
Une jeune fille morte-vivante hante les bois dans lesquels elle fut assassinée des années auparavant. Le jour où elle découvre un garçon maltraité dans le coffre d’une voiture, sa décision de l’épargner va bouleverser leurs existences. Tous deux ont subi de terribles abus et s’apportent mutuellement du réconfort. La lumière pourrait enfin apparaître au bout du tunnel, mais les cadavres risquent de s’amonceler en chemin…
LE PETIT CHAPERON NOIR
Il était une fois Mina, une jeune âme en peine hantant des bois sombres, une jeune âme de morte-vivante avec derrière elle un lourd, très lourd passé, équarrissant quiconque aurait le malheur de s’aventurer sur les lieux de son errance. Il était une fois Alex, jeune garçon aveugle, défiguré et ayant lui aussi subi de terribles abus, et se retrouvant sur le chemin de Mina. De leur rencontre va naître une relation singulière, troublante mais aussi salvatrice, le genre de relation qui se base sur la fragilité des protagonistes et dont l’issue n’est pas forcément de celles que l’on anticipe ou que l’on attend. Véritable conte fantastique aussi cruel que remplit d’humanité The Dark ravive le souvenir de Morse et de son mal-être en territoire vampire. Bon ici point de suceurs de sang mais un zombie attendant une sorte de rédemption à sa décomposition programmée. Car oui The Dark est surtout le récit des deux abandonnés qui s’apprivoisent pour mieux exsuder la révolte, l’hostilité et la rage qui les habitent et dont l’amitié contre-nature offrira peut-être l’espoir d’une vie meilleure. Et cette fable solennelle, c’est le petit nouveau Justin P. Lange qui la dessine (en adaptant son court-métrage primé à Sitges en 2013) à l’aide d’une mise en scène intimiste, sensible et sans fioritures (c’est sûr que pour un film de dévoreurs de cerveaux on est loin de œuvres nerveuses narrant des invasions massives et sanguinaires) préférant capitaliser sur une ambiance troublante que sur les effets gore (même si le film n’en est pas dénué) pour mieux nous bercer aux côtés de ces deux créatures plus humaines que les humains. Vous l’aurez compris The Dark est de la trempe de ces œuvres qui se servent du genre pour éveiller la sensibilité des spectateurs et l’attirer vers des contrées peu communes afin de toujours surprendre une audience se reposant trop souvent sur ses acquis. Et même si le film souffre par moments de quelques baisses de rythme, cela n’empêche en rien une véritable poésie de sortir des images dont certaines pourraient vous imprimer la rétine de longs moments.
Nicolas Gilquin