Dark Horse

Dark Horse
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Dark Horse
Voksne Mennesker
Islande, 2005
De Dagur Kari
Scénario : Dagur Kari, Rune Schjott
Avec : Nicolas Bro, Jakob Cedergren, Nicolaj Kopernikus, Tilly Scott Pedersen, Morten Suurballe
Durée : 1h46
Sortie : 14/03/2007
Note FilmDeCulte : ******

Daniel vit en marge du système et n’a aucune intention d’y rentrer, malgré les rappels des impôts, de la police ou encore de son propriétaire. Il tombe amoureux de Franc qui, elle aussi, a un sens des réalités et des responsabilités sous-développé. Problème, son meilleur ami Roger est également amoureux d’elle. Interviendra un juge insomniaque qui, à l’occasion d’un contretemps, va aiguiller sa vie sur de nouveaux rails.

BORN TO BE WILD

Le nom Dagur Kári ne vous est peut-être pas encore familier mais celui de son premier film, Noi Albinoí, l'est peut-être plus. Dark Horse ne fait que confirmer toutes les promesses qu’il y annonçait et a été justement récompensé par le Grand Prix du Festival du Film Européen de Bruxelles 2005. Dark Horse, c’est l’histoire de personnages qui ne veulent pas entrer dans le rang, dans la société. Ils ont établi leurs propres règles, à savoir qu’il n’y en a pas. Franc et Daniel fuient tout ce qui est responsabilités et engagements. Le réalisateur voulant montrer jusqu’à quel point il est possible de vivre ainsi et quel est justement le point de non-retour qui fait basculer de l’autre côté. Roger par contre, c’est tout le contraire. Il respecte toutes les règles, quitte à octroyer une contravention à son ami, naturellement mal garé, et ce malgré la tentative de conciliation de l’agent de police. Comme il n’y a jamais assez de règlements dans sa vie, il décide de devenir arbitre de football et ne se limitera pas aux terrains de foot pour tester sa nouvelle autorité.

LONG IS THE ROAD

Le réalisateur va opérer au cours de son film une passation de pouvoir entre Daniel et le juge. Celui-ci va, de son plein gré et en adulte responsable, décider de quitter les sentiers balisés de la société alors que, fortuitement, Daniel va se voir contraint de les emprunter. Leur première rencontre a lieu au tribunal car Daniel est condamné pour les messages d’amour qu’il laisse sur les murs. Le spectateur verra le juge dans son bureau, les yeux dans le vide, en train de vider le contenu de sa perforatrice sur ses genoux, chose que fera Daniel plus tard dans le film chez Franc, celle-ci lui disant fort poétiquement: "maintenant il y a des trous partout". Puis ils vont se croiser à l’aéroport, où le destin du juge va se jouer, et ils seront tous les deux en parallèle dans une chambre d’hôtel à méditer sur la décision à prendre. Franc et le juge boiront un champagne qui aura un goût plus amer que festif. Lorsque Daniel et lui vont se recroiser à l’aéroport, chacun aura choisi sa route.

HAUTS EN COULEURS

Dagur Kári filme en noir et blanc car toutes les références du réalisateur viennent de la photographie et des films noir et blanc. De même, son film est un hommage aux années soixante, époque à la fois pleine de vie et de nonchalance mais avec déjà un vrai style. Il voulait à la fois parler des préoccupations d’aujourd’hui tout en restant nostalgique de cette époque. Un seul plan est en couleur, quand Daniel regarde Franc et subitement la voit d’une autre manière. Les personnages sont hauts en couleurs et le comique de situation donne écho à de savoureux dialogues, qui laissent toutefois percevoir les sentiments et préoccupations des personnages. Ainsi, quand Daniel apprend que Franc est enceinte, il lui rétorque qu’il ne peut être père car il ne lit pas les journaux et ne sait même pas qui est premier ministre. Une certaine poésie plane aussi sur la manière dont l’histoire est racontée; ainsi, personne ne s’étonne de voir passer des éléphants derrière la vitre du café où sont assis les amoureux. Certains plans sont montés deux fois à la suite l’un de l’autre, renforçant l’émotion ou le moment clé qu’ils représentent.

MUSIC OF THE PAST

La musique joue également un rôle important car Daniel porte en permanence un casque audio autour du cou et, quand le poids de la société devient trop lourd, il s’échappe dans la musique. Il s’en échappera de moins en moins à mesure que le film avancera, pour ne plus du tout écouter les préludes de Bach qu’il affectionne tant; il a choisi de franchir le pas. Le reste de la musique est composé par le groupe Slowblow, qui n’est autre que Dagur Kári et Orri Jónsson, qui avaient déjà composé la musique de Noi Albinoí. Au moment de recevoir son prix, le réalisateur a demandé aux spectateurs de ne pas se laisser rebuter par le noir et blanc et de faire l’effort d’aller quand même voir son film. Quand c’est aussi beau, tendre, poétique et drôle, les spectateurs auraient tort de ne pas oser s’aventure dans le monde bien à part de Dark Horse.

par Carine Filloux

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