Dans la brume

Dans la brume
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Dans la brume
In the Fog
Russie, Fédération de, 2012
De Sergei Loznitsa
Scénario : Sergei Loznitsa
Durée : 2h07
Sortie : 30/01/2013
Note FilmDeCulte : *-----
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"Les yeux et les oreilles sont de pauvres témoins pour celui dont l’âme est barbare." Héraclite Une forêt. Deux résistants. Un homme à abattre, accusé à tort de collaboration. Comment faire un choix moral dans des circonstances où la morale n’existe plus ? Durant la Seconde Guerre mondiale, personne n’est innocent.

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Théoriquement parlant, la mise en scène d’un film compte-t-elle plus que son scénario ? Exemple : un film au scénario solide mais à la mise en scène plate laissera une impression de déception, tandis qu’un film à la mise en scène majestueuse mais au scénario ennuyeux donnera au contraire une impression (fausse) de totale maitrise. Ce n’est pas tant qu’on pardonne plus facilement un scénario bancal à un film plastiquement abouti (ça parait presque normal), le problème est plutôt l’illusion qu’un formidable metteur en scène est inévitablement aussi un formidable scénariste. Un scénario déséquilibré devient alors au contraire maitrisé, voulu, comme s’il ne pouvait en être autrement. Voilà bien une idée reçue à qui on aimerait casser la gueule.

Dans la brume est souvent superbe. Pas toujours (beaucoup de plans de nuit pas toujours déchiffrables), mais souvent. Et vraiment. Mais Dans la brume est aussi d’une lenteur incroyablement pénible. Pire que cela : en imposant son savoir-faire visuel avec une austérité toute calculée, il devient pédant. Or le scénario est loin d’être irréprochable. Passe encore la lenteur, même si ces deux heures de Russes bougons qui tirent la gueule et murmurent la nuit dans la forêt feraient passer Il était une fois en Anatolie pour un tour de grand huit hystéro. Ce qui rend tout cela si pénible, c’est tout simplement l’immense confusion qui imprègne cette histoire. A force de manier les non-dits, Loznista rend son film incompréhensible. Il n’y a que trois personnages principaux et pourtant leurs relations restent toujours obscures, confuses. Et non ce n’est pas « maitrisé ». Comme si un ennui aussi mortel pouvait être excusé par l’idée que le cinéaste sait ce qu’il fait.

Ce second long métrage de Sergei Loznitsa est d’autant plus décevant qu’il vient tout simplement contredire les promesses de My joy (déjà présent en compétition il y a deux ans). Là où ce premier film était imprévisible et vivant, donnait une proposition de cinéma austère mais forte et différente, Dans la brume est au contraire sans originalité aucune, appliqué et autiste jusqu’à en devenir empaillé. Un voyage aux confins de l’ennui qui sent la poussière. Le film se termine par contre sur une séquence magnifique. Tellement belle qu’elle a suffi à pas mal de spectateurs pour pardonner l’ennui qui l’avait précédée. Mais si le film se termine effectivement par un beau clin d’œil, il ne faut pas oublier qu’il a auparavant passé deux heures à nous montrer son cul.

par Gregory Coutaut

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