Daniel & Ana
Daniel y Ana
Mexique, 2010
De Michel Franco
Scénario : Michel Franco
Avec : Marimar Vega, Dario Yazbek Bernal
Photo : Chuy Chavez
Durée : 1h30
Sortie : 31/03/2010
Daniel et Ana sont frère et soeur et les meilleurs amis du monde. Tous deux se trouvent à un moment capital de leur vie. Ana est sur le point de se marier. Daniel est un adolescent sociable qui découvre son identité sexuelle. Un jour, ils sont kidnappés, et l'harmonie qui règne entre eux est immédiatement rompue. Un événement choquant les oblige à affronter leurs désirs et leurs peurs.
MEMOIRE D'UN SACCAGE
Premier film du Mexicain Michel Franco, Daniel & Ana s'inspire de faits réels, l'histoire d'un frère et d'une sœur kidnappés, puis contraints à avoir des relations sexuelles filmées avant que la vidéo ne soit exploitée sur internet. Une histoire parmi d'autres, ce genre d'événement devenant monnaie courante à en croire l'auteur. Autant dire que Daniel & Ana avait de quoi sombrer dans le sensationnel - un piège dans lequel ce coup d'essai ne tombe finalement jamais, à l'image de son prologue où Franco désamorce rapidement le suspens. L'intrusion des ravisseurs se passe sans bruit, l'acte, placé en début de film, ne joue pas sur une quelconque attente. Ni misérabilisme, ni cauchemar social: ici une famille aisée de Mexico, protégée pense t-on de tout marasme dans les murs de sa villa. La caméra, à distance, ne fait pas le spectacle, la relation sexuelle forcée n'a rien des coquetteries pornographiques. Daniel & Ana observe et expose deux traumas, le saccage provoqué par une brutalité aussi physique que psychologique.
Et petit à petit, le film semble trouver la voie réconfortante de la reconstruction, à l'image du parcours de l'héroïne, coussins de psychologue et avenir qu'on promet radieux. Mais tout n'est pas si facile: si Ana imagine un horizon, après le viol et la prostration, Daniel, plus jeune et plus fragile, ne voit lui que destruction. Qu'elle soit terrible ou futile (le sperme versé dans le verre), sans réaction et sans solution face au tabou, au non-dit qui pèse comme une brique. En refusant le sentimentalisme, Franco capture l'impasse dans laquelle s'enferment ses personnages, où il ne reste comme salut que la fuite ou l'enlisement. Pas de réponse: que le jeune héros cherche une trace sur le net ou que sa sœur fuie sans un mot, le secret comme la honte restent entiers et accablent leurs prisonniers.