Dagon
Dagon
Espagne, 2001
De Stuart Gordon
Avec : Uxia Blanco, Ezra Godden, Macarena Gomez, Raquel Merono, Brendan Price, Francisco Rabal
Durée : 1h35
Sortie : 01/01/2001
Paul et sa petite amie Barbara passent leur vacances en compagnie d'un riche couple d'amis, Howard et Vicki, sur leur voilier au large de la côte espagnole. Suite à une tempête, le navire s'échoue sur un récif, blessant gravement Vicki, coincée sur place. Paul et Barbara décident d'aller chercher du secours dans le petit village de pêcheurs situé au bord de mer, qui semble étrangement désert...
Dagon est la libre adaptation d'une nouvelle de Howard Phillips Lovecraft, Le cauchemar d'Innsmouth. C'est le troisième conte de ce maître de l'épouvante que le réalisateur Stuart Gordon adapte au cinéma, après Re-Animator, prix de la critique au festival de Cannes 1985, et Aux portes de l'au-delà. L'action en est transposée de nos jours, dans le village espagnol d'Imboca. Gordon se démarque nettement de Lovecraft au niveau de l'histoire, privilégiant l'efficacité à la fidélité. On retrouve néanmoins certains épisodes clés de la nouvelle, pas forcément dans le même ordre, comme la très flippante séquence de l'hôtel, la rencontre avec le vieillard alcoolique (interprété par l'immense et regretté Francisco Rabal dont ce fut le dernier rôle) et la révélation finale.
La caméra, très mobile, filme les corps au plus près, pour mieux coller à l'action et pour mieux communiquer la panique frénétique des personnages, un peu à la manière d'Evil Dead, les acteurs principaux des deux films (Bruce Campbell et Ezra Godden) se ressemblant d'ailleurs étrangement. Le héros, Paul, cherche à fuir, dans une traque épuisante qui tient le spectateur en haleine, ces créatures dégénérées, ersatz d'humains, aux faces blanches et huileuses, à la démarche chaotique voire rampante, et émettant des bruits atroces, crissements, chuintements et autres caquètements. Il prend au fur et à mesure conscience de l'horreur du culte de Dagon, à qui ses adeptes ont vendu leur âme.
Reste que Stuart Gordon ne se prend pas non plus trop au sérieux, faisant parfois dans le thrash. Il livre ainsi une excellente série B. Mais en tournant dans les décors réels de deux villages espagnols, en restant fidèle à Lovecraft dans l'esprit comme dans la forme, le réalisateur matérialise avec talent et imagination les abominations impies de l'écrivain malade. Cette rigueur fait que Dagon est peut-être tout simplement le meilleur film tiré de l'œuvre de Lovecraft.