Cypher
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États-Unis, 2002
De Vincenzo Natali
Scénario : Brian King
Avec : Nigel Bennett, David Hewlett, Lucy Liu, Jeremy Northam, Timothy Webber
Durée : 1h35
Sortie : 26/03/2003
Morgan Sullivan vient de se faire engager par Digicorp, une multinationale aux activités étranges. Son nouvel employeur lui demande en effet de sillonner les Etats-Unis pour enregistrer les informations diffusées à l’occasion de séminaires ou conférences. C’est là qu’il fait la rencontre de la délicieuse Rita, qui finit par lui apprendre la vérité: le travail qu’il fait pour Digicorp n’est qu’une mise en scène derrière laquelle se cache des enjeux beaucoup plus troubles et dangereux…
Jeremy Northam avait été pressenti pour incarner le prochain James Bond. Morgan Sullivan pourrait être son alter ego du XXIème siècle. Un espion très différent de l’agent du MI6 qui officiait pendant la guerre froide. La guerre est désormais toute autre. Plus feutrés, moins francs, mais tout aussi mortels, les conflits entre multinationales et autres corporations sont impitoyables. Où l’économique aurait définitivement pris le pas sur le politique dans les enjeux planétaires. Vincenzo Natali décrit très bien la déshumanisation qui peut résulter de l’avènement de l’économie mondialisée. L’atmosphère distillée tout au long du film est glaçante. La configuration et l’architecture post-moderne des décors, lisses et répétitifs, sont l’image une dérive que le réalisateur s’attelle à dénoncer. Cet univers presque morbide est celui où se débattent les personnages, qui ne sont que de vulgaires pions aux services d’intérêts supérieurs. Comme les spectateurs, ils ne comprennent jamais des desseins qui les dépassent, qui les surpassent devrait-on dire. Les rares résistants doivent de toute manière accepter les règles du jeu pour mieux tenter de les détourner.
Le thème de Cypher déteint malheureusement sur son contenu. D’une volonté de départ au demeurant fort louable, Vincenzo Natali tire un film qui manque cruellement d’âme et de vie. L’engagement du cinéaste, son désir de décrire un futur proche affreusement triste et uniforme, laisse place peu à peu à l’ennui. D’autant plus que les scènes d’action sont (presque) inexistantes. Si Jeremy Northam est crédible en héros malgré lui balbutiant, Lucy Liu fait surtout figure de potiche de service, avec un personnage à peine plus épais que du papier à cigarette. Et l’histoire que l’on nous raconte n’intéresse jamais vraiment, malgré ses rebondissements. La description minutieuse de cet univers feutré fige ainsi, au détriment de l’intrigue, tout le film, à l’instar de La Cité des enfants perdus de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet. Avec son formalisme trop lourd, Cypher est donc une très belle coquille vide, à laquelle on préférera largement l’abstraction presque absurde de Cube.
