Crimes à Oxford
Oxford Murders
Espagne, 2007
De Alex De La Iglesia
Scénario : Alex De La Iglesia, Jorge Guerricaechevarria d'après d'après l'oeuvre de Guillermo Martinez
Avec : Julie Cox, John Hurt, Anna Massey, Dominique Pinon, Leonor Watling, Elijah Wood
Photo : Kiko de la Rica
Musique : Roque Baños
Durée : 1h40
Sortie : 26/03/2008
Oxford. Une vieille dame est assassinée. Le premier meurtre d'une suite qui semble obéir à une suite mathématique : chaque crime est annoncé par un symbole dont la signification échappe aux enquêteurs. De leur côté, un jeune étudiant et un éminent professeur de mathématiques qui ne se connaissent pas se trouvent eux aussi plongés au cœur de cette énigme et font équipe pour la résoudre. Mais la raison humaine peut-elle être mise en équation ?
LE CRIME ETAIT PRESQUE PARFAIT
Délaissant pour la première fois les belles contrées ensoleillées de son Espagne natale pour les atmosphères brumeuses et mystérieuses de l'Angleterre, le génial Alex De La Iglesia (Action mutante, Le Jour de la bête, Mes chers voisins, 800 balles, Le Crime farpait) quitte aussi son genre de prédilection pour aller se frotter aux mécaniques du thriller parfaitement huilé et implacable. Voulant aller tutoyer l'œuvre de Sir Alfred Hitchcock ou certains films références tels que Le Limier de Mankiewicz, on sent très vite que ce Crimes à Oxford va transpirer par tous les pores de la peau l'hommage direct au genre dans un respect des plus profonds et, heureusement pour nous, à mille lieues de l'abrutissement ésotérique du Da Vinci Code. Évidemment, comme tout bon film de jeu de pistes, chaque protagoniste est suspect, les mobiles et autres alibis se succèdent dans un raisonnement alambiqué pour un spectateur devenu lui aussi enquêteur de ce Cluedo imagé où cette fois la logique s'oppose au mystère et où les mathématiques affrontent la philosophie dans ce haut lieu de la culture anglo-saxonne. Avec la lutte d'esprits qu'observe le jeune Américain frondeur face au vieil Anglais posé, l'expérience devient même un régal de presque tous les instants tant l'alchimie s'opère joliment entre Elijah Wood et John Hurt. Mais dans les films à tiroirs, le rythme est un peu la clé de voûte de l'intrigue (autant que l'énigme finale) et le métronome de l'attention du spectateur. Et ici comme à l'accoutumée (c'est une constante chez le réalisateur) un certain ventre mou vient s'installer aux deux tiers du film. Il devient donc difficile de ne pas décrocher un tant soit peu de l'intrigue principale d'autant que l'élément comique morbide qui parsème sa filmographie, et qui nous absorbe toujours un minimum, est plutôt absent de ce Crimes à Oxford. Ainsi on se retrouve avec un troisième acte qui démarre de manière un peu dégonflée avant de retrouver sa vitesse de croisière avec résolutions et révélations multiples qu'il est impossible de deviner à l'avance. Alors encore une fois, De La Iglesia manque de signer l'œuvre parfaite de peu, mais reste tout de même ce réalisateur que l'on aime apprécier pour son sens de la dramaturgie, autant que pour ses choix scénaristiques toujours appréciables et formellement carrés.