Crazy Heart
États-Unis, 2010
De Scott Cooper
Scénario : Scott Cooper
Avec : Jeff Bridges, Robert Duvall, Colin Farrell, Maggie Gyllenhaal
Photo : Barry Markowitz
Musique : Stephen Bruton, T-Bone Burnett
Durée : 1h51
Sortie : 03/03/2010
A 57 ans, Bad Blake, chanteur de country, vit toujours sur la route, jouant des vieux hits dans des bars de troisième zone et des salles de bowling. Ce qui lui reste de célébrité disparaît peu à peu. Le mieux qu'il puisse espérer aujourd'hui, c'est de faire la première partie de Tommy Sweet, qui fut son jeune protégé et à qui il a tout appris. De petit concert en petit concert, la route de Bad suit son cours, jusqu'au soir où il fait la rencontre de Jean, journaliste locale. Bad s'attache plus que d'habitude. Même s'il ne fait aucune promesse, et que Jean, mère divorcée, sait qu'elle n'a rien à attendre de lui, ils reviennent sans cesse dans les bras l'un de l'autre. Mais Bad, à peine capable de garder la tête hors de l'eau, est-il capable de s'occuper de qui que ce soit d'autre que lui ?
UN CŒUR INVAINCU
La figure du chanteur country, de Robert Duvall dans Tender Mercies à Joaquin Phoenix dans Walk the Line, en passant par Sissy Spacek dans Coal Miner's Daughter, a inspiré comme fasciné nombre de cinéastes américains, trimballant son mythe cowboy et son décor archétypal. Autre figure chérie: le loser magnifique, le Bad Blake de Crazy Heart rappelant le tout récent Randy the Ram de The Wrestler, guitare folk contre slip fluo, carcasse usée de Jeff Bridges contre celle de Mickey Rourke. Parcours d'éternels challengers dans une Amérique éternelle de motels, de bars et de longues routes.
Bad Blake a vécu ivre plus de la moitié de sa vie, claudique avec ou sans béquille, crazy heart certes mais bel et bien à bout de souffle. Pour son premier film, Scott Cooper fait le portrait épuré d'un vieux grizzly en quête de rédemption. Simple et doux, Crazy Heart fuit le mélo, désamorce toute dramatisation appuyée (la scène de la disparition, expédiée), prend son temps autour d'une partie de pêche ou d'un square pour gamins. On pense à tout autre chose lorsque Jeff Bridges, impérial mais pourtant déchu, débarque dans un bowling pour y donner un concert, décor qui évoque le Duke de The Big Lebowski, mais le temps est moins à la pochade. Bridges impose sa stature et son charisme, faisant l'essentiel dans un film taillé pour lui, autour de lui (et moins pour Maggie Gyllenhaal, au personnage un peu faible et laissé de côté). La tendresse de l'écriture, l'aura du comédien et la qualité de la bande originale font de ce Crazy Heart une belle réussite.