Costume (Le)
Russie, Fédération de, 2003
De Bakhtiar Khudojnazarov
Scénario : Oleg Antonov
Avec : Ivan Kokorin, Andrei Panin, Artur Povolotsky, Alexander Yasenko
Durée : 1h45
Sortie : 30/04/2003
Au bord de la Crimée, Peaky, Geka et Dumbo font les quatre cent coups. Ils rêvent de posséder un magnifique costume cintré, synonyme d’ascension sociale et de réussite sentimentale.
TROIS GARCONS DANS LE VENT
Après le poétique Luna Papa, on attendait avec une certaine impatience le nouveau film de Bakhtiar Khudojnazarov, unique représentant du cinéma tadjik et dont les œuvres traversent les frontières. A l’instar d’Emir Kusturica, le metteur en scène du Costume s’attache à capter une atmosphère typiquement slave: mélange de gravité sociale et d’insouciance communicative. La caméra posée dans une ville portuaire de l’ex-URSS, il tente de saisir les rêves et les désirs de trois adolescents quittant le monde des enfants pour entrer dans celle des adultes. En s’échangeant un bout de tissu tant convoité, les jeunes garçons partagent leurs espoirs et leurs doutes avant le choc de la cruelle réalité. Secrètement amoureux d’une jolie poissonnière, Dumbo, benêt attachant, s’expose à la haine de l’ancien petit ami de la demoiselle. Geka fuit un foyer conjugal secoué par les crises de jalousie. Peaky doit s’occuper de sa mère harpiste, traumatisée par le départ de son mari.
L’AGE DES POSSIBLES
Les séquences hautes en couleur ne manquent pas – l’achat du costume, la première scène de séduction, l’épisode de la circoncision -, mais le récit patauge vite dans une dramatisation excessive. Oubliée la réjouissante Dolce Vita initiale, Bakhtiar Khudojnazarov la remplace subitement par un mélo larmoyant, violons et marches funèbres compris. Dans Luna Papa, le cinéaste tadjik souffrait le martyr pour conclure son histoire et se perdait dans des circonvolutions invraisemblables. Il répète ici les mêmes erreurs. Tentative de parricide, viol, meurtre sordide; le propos devient plus lourd à mesure que les malheurs s’abattent sur le trio. D’un film de groupe, Le Costume se divise en trois récits - trois personnages, via un montage alterné trop systématique. Plus à l’aise dans la comédie que dans le drame, les jeunes acteurs n’apportent pas la même fraîcheur que Chulpan Khamatova, l’héroïne de Luna Papa. Gangrené par la gravité de sa seconde partie, Le Costume est donc une relative déception de la part d’un auteur indéniablement talentueux.