Contes des animaux (Les)
Australie, 2003
De Lucinda Clutterbuck
Scénario : Charlotte Clutterbuck, Lucinda Clutterbuck
Durée : 40m
Sortie : 22/10/2003
La louve, le rhinocéros, le serpent à sonnette, la grenouille, le requin, le gorille et le tigre de Tasmanie. Huit animaux en voie de disparition, racontés avec poésie verbale autant que visuelle dans autant de courts métrages d’animation montés les uns à la suite des autres.
ANIM-MAUX
Dans le petit monde méconnu mais prestigieux de l’animation australienne (Eric Porter, Yoram Jerzy Gross, Bruce Perry ou encore Antoinette Starkiewicz), Lucinda Clutterbuck occupe une place de choix. Par ses engagements politiques, ses expérimentations esthétiques et son indépendance gagnée lors de sa séparation d’avec les géants Hannah Barbera et Yoram Gross Studios il y a de ça vingt ans, la réalisatrice a acquis une respectabilité méritée. Ce qui lui vaut une véritable reconnaissance critique et publique dans son pays. Ainsi, sa série animée The Web, dont Les Contes des animaux regroupe les épisodes les plus marquants, collectionne les récompenses festivalières et est couramment utilisée en classe pour ses vertus pédagogiques. Face à un tel palmarès et en dépit d’un véritable capital sympathie écolo, on a presque honte de ne pas, nous aussi, porter systématiquement aux nues les travaux de Clutterbuck.
S’il ne fait aucun doute que Les Contes des animaux détonnent dans la production animée actuelle (voir la récente baudruche La Prophétie des grenouilles), ses qualités d’abstraction, sa force esthétique, délibérément artisanale et faussement naïve, faisant appel à divers procédés séduisants - du Rotoscope au collage, en passant par des techniques complexes de transparences et de superpositions -, et ses indéniables appétences poétiques ne suffisent pas à cacher leur lot de maladresses. L’effet de segmentation induit par la succession des courts métrages oblige à faire un tri sélectif. Aussi, lorsque l’on passe d’une Louve fascinante et sublime à un Rhinocéros plat et didactique, ou d’un Panda vainement pléonastique à un Serpent à sonnette joliment conceptuel, l'on en vient à regretter le regroupement des films. Isolément, une petite merveille comme Le Tigre de Tasmanie relève presque du Tezuka onirique de La Légende de la forêt (ostensiblement cité, notamment dans La Grenouille, dont l’interminable pano rappelle, à un degré de réussite moindre, la performance technique du mythique court métrage Le Saut). Ici présenté au bout d’une course en dents-de-scie, il perd de sa saveur intrigante et frôle l’opacité. A ce problème de superposition, une solution, peut-être: aller voir Les Contes des animaux en huit fois. On a connu plus économique.