Contes de Terremer (Les)
Gedo Senki
Japon, 2006
De Goro Miyazaki
Scénario : Goro Miyazaki, Keiko Niwa d'après d'après l'oeuvre de Ursula K. Le Guin
Avec : Jun Fubuki, Teruyuki Kagawa, Junichi Okada, Bunta Sugawara, Yuko Tanaka, Aoi Teshima
Musique : Tamiya Terajima
Durée : 1h55
Sortie : 04/04/2007
Les aventures du jeune Arren, prince du royaume d'Enlad, qui va s'allier aux forces du grand magicien Epervier, pour rétablir l'équilibre du monde rompu par une sorcière maléfique. Dans le combat qui s'annonce, Arren et Epervier croiseront la route de Therru, une mystérieuse jeune fille. Ensemble, ils dépasseront leurs peurs et uniront leurs destins pour mener le plus fascinant des voyages.
CONTES DE L'AMERTUME
Goro Miyazaki occupe le plus mauvais fauteuil: celui du fils et de l'héritier vers lequel tous les regards envieux et tatillons convergent. D'une sérénité et d'une richesse thématique similaires, Les Contes de Terremer ne ressemble pourtant pas à un film d'Hayao Miyazaki, encore moins à ceux des jeunes pousses du studio Ghibli (Le Royaume des chats de Hiroyuki Morita, Si tu tends l'oreille de Yoshifumi Kondô, ancien héritier désigné, malheureusement décédé). Symboliquement, Goro tue le père dès les premières minutes, quand le prince Arren poignarde son roi sans aucun état d'âme. Etrangement, Les Contes de Terremer ne ressemble pas non plus à un film de sorcellerie classique. Réduits à la portion congrue, les éclats de bravoure sont relégués hors champ ou n'interviennent qu'au dernier moment. Arren est lui-même un fantôme en exil, un personnage fluet et distant, déprimé et absorbé par sa mélancolie. Là où Miyazaki (père) aurait fait de Therru, la jeune fille défigurée, une héroïne évidente, Goro choisit les chemins de traverse, les longues plages philosophiques et contemplatives. Comme paralysé par l'enjeu, Les Contes de Terremer ressemble donc à un film de transition, un passage à témoin révérencieux qui peine à trouver son souffle et son équilibre.
En savoir plus
Hayao Miyazaki souhaitait depuis longtemps adapter les romans d'heroic fantasy d'Ursula K. Le Guin. Le Cycle de Terremer se compose de plusieurs volets, dont Les Contes de Terremer, Le Sorcier de Terremer, Les Tombeaux d'Atuan, L'Ultime rivage, Tehanu ou encore Le Vent d'ailleurs. Après avoir essuyé un refus de l'auteur dans les années 80, Miyazaki renonce à son adaptation. Il se lance néanmoins dans l'écriture d'un manga dérivé de cet univers. Entièrement peint à l'aquarelle, Le Voyage de Shuna (1983) contient les grands traits de son oeuvre maîtresse, Nausicaä de la vallée du vent. Le point de départ est familier: issu d'un pays pauvre, le prince Shuna part à l'aventure au Pays des Dieux, voler les graines magiques qui nourriront son peuple. Deux décennies plus tard, fort de sa réputation et de la renommée du studio Ghibli, Miyazaki part aux Etats-Unis rencontrer Ursula Le Guin, qui finit par donner son feu vert. La réalisation du film est confiée à Goro Miyazaki, diplômé de l'Ecole d'Agriculture et des Sciences de la Forêt de l'Université de Shinshu, consultant en construction et directeur général du musée Ghibli pendant 4 ans.