La Conquête

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Conquête (La)
France, 2011
De Xavier Durringer
Scénario : Patrick Rotman
Avec : Hippolyte Girardot, Bernard Le Coq, Denis Podalydès
Photo : Gilles Porte
Musique : Nicola Piovani
Durée : 1h45
Sortie : 18/05/2011
Note FilmDeCulte : **----
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6 mai 2007, second tour de l'élection présidentielle. Alors que les Français s’apprêtent à élire leur nouveau Président, Nicolas Sarkozy, sûr de sa victoire, reste cloîtré chez lui, en peignoir, sombre et abattu. Toute la journée, il cherche à joindre Cécilia qui le fuit. Les cinq années qui viennent de s'écouler défilent: elles racontent l'irrésistible ascension de Sarkozy, semée de coups tordus, de coups de gueule et d'affrontements en coulisse. La conquête : L'histoire d'un homme qui gagne le pouvoir et perd sa femme.

SI A 50 ANS ON A PAS DE BIOPIC, ON A RATE SA VIE

On peut le lire un peu partout, les créateurs de La Conquête sont très fiers d'être les premiers en France à avoir osé faire ce genre de film : un regard dans les coulisses de l'accès au pouvoir d'un homme politique ayant réellement existé, qui se trouve être qui plus est l'actuel Président au pouvoir. Si quelque part on se réjouit effectivement que des scénaristes, réalisateurs et producteurs français s'aventurent sur un terrain jusqu'à présent vraisemblablement réservé aux anglo-saxons, gardant les vrais noms, grimant ses acteurs pour qu'ils ressemblent aux personnes réelles, force est de constater que l'exercice de MM. Durringer, Rotman et Altmayer ne va pas beaucoup plus loin. A l'instar d'un film récent similaire, The Social Network - auquel La Conquête avait déjà volé l'idée de son teaser - concentré lui aussi sur l'ascension en quelques années d'une figure controversée, le scénario semble s'inspirer de Citizen Kane, théorisant à Nicolas Sarkozy un "Rosebud" nommé Cécilia. Sarko gagne l'Elysée mais perd sa femme. Cependant, jamais le film ne parvient à rendre son protagoniste complexe, la faute à un traitement superficiel. On se rappelera un autre point de comparaison, le W. d'Oliver Stone, qui, bien qu'imparfait, attaquait de plein fouet les angoisses de son Président. Ici, tout semble relégué au second plan d'un récit qui préfère enquiller les scènes très courtes où le seul intérêt semble être de montrer des hommes politiques jurer et traiter Sarkozy de "nain", de "merde", etc. Certains bons mots font mouche mais dans l'ensemble, on se croit davantage au cirque qu'au cinéma. Une approche humoristique assumée si l'on en croit la bande originale digne des Bouglione ou de Pinder mais cette légèreté tend franchement à la grossièreté. Peut-être le projet était-il voué à l'échec en s'attaquant à une figure déjà fort médiatisée. Au final, il n'a pas grand chose à raconter et s'avère un peu vain. Ajoutez à cela les dialogues péniblement didactiques du documentariste Patrick Rotman, habitué des sphères politiques, et la mise en scène absolument inexistante de Xavier Durringer, sans oublier les performances certes convaincantes mais trop chargées en mimiques, et vous obtiendrez un film qui s'apparente plus à un docu-fiction qu'à autre chose. Les créateurs se vantent de faire dans l'inédit mais il n'y a pas beaucoup de cinéma dans La Conquête. En réalité, ils ont juste transposé sur grand écran le genre de tentatives paresseuses et peu pertinentes qui était, chez nous, jusqu'à présent réservé au petit écran.

par Robert Hospyan

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