Confession of Murder
Naega Salinbeomida
Corée du Sud, 2012
De Byoung-Gil Jung
Scénario : Byoung-Gil Jung
Durée : 1h59
Lorsque le délai de prescription de quinze ans applicable à l’un des crimes commis par un tueur en série expire, un membre de la famille victime se jette du haut d’un immeuble, sous le regard impuissant du détective Choi Hyeong Gu. Deux ans plus tard, un homme publie un livre autobiographique dans lequel il s’attribue la responsabilité des meurtres...
FORMULE MAGIQUE
Avec son titre tellement déjà-vu qu’il frôle presque la parodie (s’il existait un Scary Movie des films coréens, il se nommerait sans doute ainsi), on croit déjà tout connaître à l’avance de ce Confession of murder. De fait, le cahier des charges de cette série B noire et nerveuse parait à première vue avoir été rempli avec application : des meurtres, de la vengeance, de la culpabilité... Le cinéma coréen contemporain a connu ses heures les plus populaires avec une telle addition. Une formule magique qui a inévitablement engendré moult copies fades dans le sillage d’imposants modèles, au point que les esprits paresseux en profitent pour annoncer la mort d’un cinéma coréen encore bien plus riche qu’il n’y parait.
Pour son premier long métrage, Jung Byoung-Gil ne cherche ni à révolutionner ni à déconstruire le genre du film de vengeance. Il offre en revanche un spectacle euphorisant, à la fois très maitrisé et accessible. La première des bonnes surprises n’est ici pas des moindres : l’intrigue est particulièrement généreuse en rebondissements mais reste pourtant toujours limpide (à ce titre, c’est un peu l’anti-The Unjust). Le résultat : deux heures qui paraissent filer comme cinq minutes bourrées d’adrénaline. L’origine de cette réussite réside dans la maitrise d’une équation souvent rêvée par d’autres mais trop rarement réussie : suspens + action + fun. Tout simplement ? C’est au contraire beaucoup, car la recette de Jung Byoung-Gil ne pèse pas ces ingrédients à la légère. Les scènes d’action sont par exemple particulièrement frappantes. Ici, pas d’éclat de violence aigüe, mais une caméra qui ne s’essouffle jamais à suivre les protagonistes dans les endroits les plus exigus et inattendus. De la séquence d’ouverture de toit en toit où le caméraman semble lui-même sauter à travers les fenêtres, à la jubilatoire partie de chat sur des capots de voitures lancées sur l’autoroute.
Et pourtant, Confession of Murder parvient à ne tomber ni dans la surenchère ni dans l’artificialité. Jung Byoung-Gil n’oublie pas que la meilleure structure narrative n’est rien sans le liant principal : de vrais personnages. Des êtres vivants au lieu de simples marionnettes de scénario. De la mini-marâtre au bad guy à rouge à lèvre(!) en passant par les « putes à chintoks », c’est tout un casting excellent et éclectique (l’un des héros est incarné par un acteur de série télé star, pour midinettes, dont les groupies jouent ici leurs propres rôles) qui est au service de personnages crédibles. Que demander de plus ? La cerise sur le gâteau est pourtant l’aisance avec laquelle le jeune réalisateur maîtrise de légers changements de registres, des touches d’humours aussi efficaces qu'inattendues tel ce morceau de r’n’b qui accompagne chaque arrivée du beau gosse du film. Voilà la respiration qui manque souvent à des films tellement obsédés par leur noirceur qu’ils finissent étouffés sous le poids de leur propre sérieux. Confession of Murder est un premier long métrage tellement abordable et bourré de qualités que son absence sur nos écrans et dans les plus grands festivals internationaux ne peut qu’étonner.