Commissariat
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France, 2010
De Ilan Klipper, Virgil Vernier
Durée : 1h29
Sortie : 10/11/2010
En France, un commissariat est le théâtre d’un face à face entre la police et les habitants de la ville. Par le prisme de l’institution policière, Commissariat fait le portrait d’une ville et de sa population. A travers des récits de vies blessées, il est souvent question d’amour et de manque d’amour.
TOUS LES CRIS LES SOS
Commissariat est la deuxième partie d'un diptyque initié par Flics, qui suivait la formation de jeunes dans une école de police avant qu'ils ne soient envoyés en stage dans un commissariat. Ce documentaire, signé Ilan Klipper et Virgil Vernier, prend le relais. Lors d'une séquence de Commissariat, une fillette demande à une policière de lui expliquer à quoi servent les menottes. La jeune femme lui explique. Lorsque la fillette pose une question au sujet de son arme, la réponse peine à venir... Rien n'est simple dans les situations que Klipper et Vernier filment. La parole, tout d'abord. On questionne, on se confesse, on se borne. Le refus du champ/contrechamp, outre exprimer le caractère carcéral du lieu, parle de ça, d'un échange devenu parfois impossible, de l'échec de la communication. Pourtant, les flics de Commissariat sont souvent amenés à tenir le rôle d'assistantes sociales, dans des situations d'une désespérance totale, d'une détresse absolue.
Pour rendre compte de ces difficultés, les deux réalisateurs s'interdisent toute tricherie, privilégient le plan séquence aux astuces du montage. Et rien, donc, n'est facile. L'hostilité est parfois présente d'un côté de la loi comme de l'autre. La compassion aussi, tout comme les incertitudes. A partir d'un grand nom sans visage, d'une institution, "commissariat", on finit par faire le portrait de quelques individus, brut. Le documentaire est court, peut-être trop. Mais cette concision exprime aussi une amertume, l'état des lieux tragique. A la fin, l'équipe de nettoyage efface les graffitis laissés sur les murs de cellule. On a également le sentiment de revivre une scène du début du film, en entendant les cris du même officier, mais cette fois-ci le point de vue est différent. Un couloir, plus de visage, comme une routine. Le sauvetage qu'on voit juste avant, et qui émeut, à juste titre, une jeune flic devenue héroïne, ne fait pas pour autant de Commissariat un constat optimiste.
