Coming Home
Chine, République populaire de, 2014
De Zhang Yimou
Avec : Gong Li
Durée : 1h51
Sortie : 17/12/2014
Lu Yanshi, prisonnier politique, est libéré à la fin de la Révolution Culturelle. Lorsqu’il rentre chez lui, il découvre que sa femme souffre d’amnésie. Elle ne le reconnait pas et chaque jour, elle attend le retour de son mari, sans comprendre qu’il est à ses cotés.
CIEL MON MARI
Que ce soit pour ses films d’action, ses films de courtisanes ou ses portraits de femmes, le mot fresque a souvent été employé pour décrire le cinéma de Zhang Yimou. Le terme se n’applique pourtant pas du tout à Coming Home. Si ce dernier film joue la carte du mélodrame historique (l’action se déroule pendant la révolution culturelle), il le fait sans souffle ou élan particulier, que ce soit dans l’écriture ou la mise en scène. Avec son personnage de mère chétive en gilet gris, Gong Li se fond parfaitement dans ce camaïeu terne qui sent trop le toc. Petit piano introspectif en fond sonore et larmes régulières (mais pas trop), le tout baigné dans une lumière de studio... Coming Home donne plus souvent l’impression de faire la liste des ingrédients du genre que de les utiliser à bon escient. Les années passent en un clin d’œil sans qu’on en sente le poids, on se dénonce familialement aux autorités mais tout le monde a l’air de prendre ça plutôt à la légère. Le résultat est un mélo des chaumières trop superficiel pour vraiment émouvoir.
Mais le ratage va hélas plus loin. Le pitch initial (qui aurait pu faire un bon boulevard) tourne vite involontairement au comique de répétition. Car non seulement l’héroïne ne reconnait jamais son mari qui vient pourtant se présenter à elle chaque jour, mais elle le prend à chaque fois pour une personne différente. S’ensuit une farandole de quiproquos difficiles à prendre au sérieux, et qui menace plus d’une fois de transformer Coming Home en improbable remake maoïste d’Un Jour sans fin. L’expérience est d’ailleurs tentante : certaines scènes sont tellement sur le fil du grotesque qu’il suffirait d’y ajouter simplement des rires enregistrés pour faire virer l’ensemble à la parodie hilarante. Tel ce montage cruel où le mari, à court d’idée pour guérir sa femme, croit comprendre que sa femme a perdu la mémoire suite à un coup de louche sur la tête ; or le plan suivant le voit justement armé… d’une énorme louche cachée dans le dos. Au fil de ces manigances et stratagèmes, même Gong Li s’enfonce dans le n’importe quoi à force de jouer les diminuées vieillissantes. Les scènes où, en pleine action, elle réalise soudain qu’elle ne sait plus écrire ou faire du thé, sont peut-être parmi les plus drôles vues à Cannes cette année. Dommage que ce soit entièrement involontaire.