Comforting Skin

Comforting Skin
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Comforting Skin
Canada, 2011
De Derek Franson
Scénario : Derek Franson
Durée : 1h49
Note FilmDeCulte : ****--
  • Comforting Skin
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Une jeune femme solitaire, en manque désespéré d’échanges émotionnels et sexuels, se retrouve embarquée dans une relation surréaliste, et en fin de compte destructrice, avec son encombrant tatouage qui progressivement prend vie sur sa peau.

LA PEAU QUE J'HABITE

Si la programmation 2012 du festival de Gérardmer avait pour but de prouver que le cinéma fantastique peut revêtir bien des facettes au delà des clichés et stéréotypes attendus, c’est mission accomplie avec ce premier film canadien pas banal. Sur une trame au développement à priori convenue (un tatouage qui prend vie et possède peu à peu sa propriétaire), Comforting skin parvient à trouver un ton bien à lui et à déjouer les attentes. Mettons tout de suite de coté un défaut important : le film est trop long. Et pas seulement à la fin. Mais au-delà de ce manque de rythme qui pointe parfois le bout de son nez, le film de Derek Franson (lire notre entretien) a plus d’un atout.

Plutôt que de faire dévier une situation de base par l’immersion du fantastique, le film prend le parti inverse (qui est un peu également celui de Beast, également présenté à Gérardmer) : se servir de son élément fantastique comme métaphore de ce qui arrive déjà à son personnage. Ici le tatouage ne vient pas tant transformer le corps et l’esprit de Koffie qu’épouser au contraire les contours fragiles de sa personnalité. A l’image de son affiche d’origine, qui représente la silhouette esquissée de la jeune fille dans un bleu mélancolique, ce qui se trame au cœur du film n’est pas l’exploitation de ce tatouage mais le portrait d’une héroïne en perdition, à la fois larguée et émouvante, servie par une interprète des plus convaincantes. Une héroïne de film fantastique comme on en voit peu, toute en nuances, et très loin de clichés paresseux de bonnasses des mauvais films d’horreur. Détail qui n’en est pas un : si Koffie passe effectivement une partie du film dévêtue, au moins cela est-il justifié.

Malgré une musique parfois omniprésente et un peu étouffante, la mise en scène ose et réussit certains paris pas évidents, donnant au film une singularité supplémentaire : des plans-séquences où l’héroïne bavasse et soudain s’effondre, passant par toutes les nuances à l’intérieur d’une seule longue tirade, et des scènes de sexe à la bizarrerie discrète : une scène de masturbation pour une fois très convaincante (bien qu’assez tordue), ou une scène lesbienne (qui là encore déjoue tous les clichés hétéro-centrés), à la fois la plus étrange et émouvante du film. Ce qui mène au deuxième gros atout : une vraie ambiance de malaise. Ni vraiment glauque ni misérabiliste, mais au contraire une sorte de mélange de vertige et d’amertume. Un ton mine de rien assez inédit, à l’image des relations entre les personnages, toutes à base d’élans affectifs maladroits et coupés net. Au final Comforting skin n’est pas parfait, mais il témoigne indéniablement d’une vraie personnalité de cinéaste. On aimerait pouvoir en dire autant de tout le monde.

par Gregory Coutaut

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