Colorful
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Japon, 2010
De Keiichi Hara
Scénario : Miho Maruo
Musique : Kô Ôtani
Durée : 2h06
Sortie : 16/11/2011
Après sa mort, il pensait que le cycle de la réincarnation lui serait refusé mais voici qu’un ange lui apprend qu’il vient de gagner à la grande loterie céleste. Son lot ? La possibilité de retrouver sa mémoire et de se rappeler son pêché. Pour se faire, rien de plus simple : il lui suffit de posséder l’âme d’un vivant. Le voilà donc renvoyé sur Terre dans le corps de Makoto Kobayashi, 14 ans qui vient d’être déclaré mort suite à son suicide avant cette réanimation miraculeuse. Cette nouvelle vie commence bien…
LA COULEUR DES SENTIMENTS
Le succès en France d'un dessin animé tel que Arrietty, le petit monde des chapardeurs a montré qu'au-delà de la marque Miyazaki (qui n'est pas réalisateur du film, seulement scénariste), c'est le nom de Ghibli qui était reconnu par le grand public. La distribution d'un cinéma d'animation hors Ghibli, au compte-gouttes certes, parfois en salles (les films de Mamoru Hosoda ou ceux, justement, de Keiichi Hara), parfois en dvd (Sunao Katabuchi, Takeshi Koike), constitue un nouveau défi après la découverte tardive dans les salles françaises, à la fin des années 90, des perles du studio de Totoro. Car de la même façon que Disney n'est pas Pixar ou Bill Plympton, le cinéma d'animation japonais est plus multiple que l'image qu'on en a encore en France. Colorful déboule auréolé d'une bonne rumeur, distingué notamment au Festival d'Annecy. Le sujet n'a pas grand chose de kawaii puisque cette histoire de réincarnation traite de suicide, de prostitution et de violence chez les adolescents. L'argument fantastique s'efface progressivement pour laisser place à la peinture de relations familiales complexes. Le surnaturel était plus évident dans le précédent film de Keiichi Hara, Un été avec Coo, où l'on suivait les traces d'un kappa, créature magique du folklore japonais, et où des dragons pouvaient apparaître dans le ciel. Mais au fond, les questions posées par les deux longs métrages restent assez proches.
Comment trouver sa place dans le monde? A l'école? Au sein de sa propre famille? Ou en soi-même, puisque Colorful raconte la rencontre d'une âme projetée dans un corps qui lui est étranger? Admirateur de Mizoguchi ou d'Ozu, Hara confesse par-dessus tout son amour pour Keisuke Kinoshita, auteur de La Ballade de Narayama, de Carmen revient au pays ou de mélos tels que Vingt-quatre prunelles et Un amour éternel. On retrouve en effet un peu de ce mélange de cruauté et de douceur dans Colorful, où la grisaille est peu à peu gagnée par des touches de couleurs. Réussite formelle, Colorful est également porté par un puissant crescendo émotionnel qui, entre quelques longueurs, fraye son chemin sans tomber dans les chausse-trapes de la complaisance mélodramatique ou de la mièvrerie geignarde (non, le film ne s'achèvera pas sur des étreintes avec une reprise nippone de True Colors en fond sonore). Plus que recommandable.
