Collision

Collision
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Collision
Crash
États-Unis, 2004
De Paul Haggis
Scénario : Paul Haggis
Avec : Chris "Ludacris" Bridges, Sandra Bullock, Don Cheadle, Matt Dillon, Terrence Howard, Thandie Newton, Michael Peña, Ryan Phillippe, Larenz Tate
Durée : 1h53
Sortie : 14/09/2005
Note FilmDeCulte : *****-

Un accident de voitures à Los Angeles. Pendant 36 heures, les destinées de différentes personnes qui ne se connaissent pas vont se nouer, autour du hasard et de quelques préjugés.

CRASH TEST DUMMIES

"Dans n’importe quelle ville, tu effleures des gens, des gens te bousculent. A Los Angeles, personne ne te touche, on est toujours derrière du métal et du verre". Les premiers mots prononcés par Don Cheadle affichent le ton d’un film où les personnages vont se rentrer les uns dans les autres pour pouvoir "ressentir quelque chose", créer un contact, désiré ou non - comme des voitures qui s’encastrent sur l’autoroute. Un rapport forcé ou une balle perdue. Paul Haggis, qui s’est distingué récemment en signant le scénario de la perle noire de Clint Eastwood, Million Dollar Baby, fait coup double avec cette œuvre dense et intelligente. Les prémices du film, et le discours autour d’une mégalopole déshumanisée, où le sens du toucher est anéanti, laissent peu à peu place à une étude de mœurs en forme de film chorale. Une histoire de hasards, mais aussi de préjugés, de racisme ordinaire, celui qui fait changer de trottoir ou qui se heurte aux situations les plus absurdes. Un metteur en scène noir réalisant une série télévisée bouffonne autour d’une famille afro-américaine. Un dialogue impossible entre un Hispanique et un vieil étranger arrivé récemment aux Etats-Unis. Des Perses pris pour des Arabes, ou un jeune flic idéaliste confronté à un aîné raciste.

LE REGNE DE LA PEUR

Autant de noeuds tragiques avec lesquels Haggis fait des miracles. Cent fois le film s’approche de la thèse de plomb, cent fois il l’évite. Grâce à sa sensibilité, son aisance à peindre des personnages complexes pris dans le tourbillon de situations ambivalentes. Haggis se plonge dans les racines du mal, ce qui pousse une personne à commettre un meurtre, une autre un vol, une troisième à mentir ou une dernière à se venger. Ce que cache la colère perpétuelle d’une riche épouse, l’agressivité d’une femme dans un hôpital. Collision dresse le décor d’une Amérique plongée dans une peur paranoïaque de l’autre et de ses différences. Et dans ce sentiment permanent d’urgence, au bord d’un précipice, le film se permet quelques instants de grâce, comme le récit d’un père à sa fille sur un manteau invisible qui protège de tout, et surtout, sommet émotionnel à la mise en scène étouffante, les secondes enfumées consécutives à un accident de voiture, illustrant en quelques images le propos du réalisateur. Un personnage encastré, la tête à l’envers, dans un amas de tôle qui le comprime. Puis un contact humain, une main étrangère posée sur le bras, qui n’inspire rien d’autre que du dégoût. Et autour, des flammes et l’essence qui s’écoule, prête à s’embraser. Soutenu par un casting quatre étoiles, Haggis signe un film riche, sans fard, et qui, dans sa grande noirceur, laisse place à quelques lumières ambiguës sur une terre d’accueil et un camion de clandestins, lâchés dans la ville sans que l’on ne sache comment la peur ou le hasard s’occuperont d’eux.

par Nicolas Bardot

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