Colline a des yeux 2 (La)
The Hills Have Eyes 2
États-Unis, 2007
De Martin Weisz
Scénario : Jonathan Craven, Wes Craven
Avec : Daniella Alonso, Ben Crowley, Michael McMillian, Jessica Stroup, Jacob Vargas
Photo : Sam McCurdy
Musique : Trevor Morris
Durée : 1h30
Sortie : 20/06/2007
Lors d'une mission de routine, une unité de jeunes soldats de la Garde Nationale fait halte dans un avant-poste du Nouveau Mexique afin de livrer du matériel à des scientifiques. Lorsqu'ils arrivent, le camp est désert. Après avoir repéré un signal de détresse dans la montagne voisine, les soldats partent à la recherche des savants disparus. Ils ignorent que ces collines, autrefois hantées par la terrifiante famille Carter, sont aujourd'hui peuplées par une tribu de mutants cannibales qui attendent leurs proies, pour se nourrir et se reproduire.
LA COLLINE FAIT LES GROS YEUX
On le sait depuis longtemps, le père Craven est un opportuniste doublé d’un fin banquier. Donc, dès qu’il le peut, il n’hésite pas à réaliser ou à produire nombre de sous-produits (Cursed, Red Eye, ou encore les séquelles de Scream, pour ne citer que les plus récents) capable de le remettre en selle et de lui remplir les poches. Et, suite au succès amplement mérité du remake de son La Colline a des yeux, il paraissait évident que l’homme allait encore trouver l’occasion de refaire parler de lui. Alors que les heureux frenchies Aja et Levasseur avouent immédiatement être intéressés par une séquelle de leur film, au moins au niveau de l’écriture et de la production, ils livrent à l’instigateur du projet un scénario quasi définitif où des immigrés clandestins mexicains franchissent la frontière américaine et se retrouvent face aux mutants du Nouveau Mexique. Ainsi le massacre continue et les rares survivants de cette histoire, qui pensent avoir gagné leur carte de séjour, se font gentiment reconduire chez eux par la police locale. Jugé trop politiquement incorrect, le scénario, ainsi que le tandem, est alors gentiment remercié (la légende voudrait que Craven, détestant le film d’Aja, ait profité de l’opportunité pour se débarrasser du duo et récupérer les lauriers) et l’initiateur de la série de reprendre les rennes de son bébé vieux de trente ans. C’est ainsi qu’il reprend la plume, avec l’aide de son fils, et qu’il signe en un temps record cette pseudo suite du remake - mais ce n'est pas remake de la suite du premier film de 1977. Puis c’est au tour du cinéaste allemand Martin Weisz (Grimm love, 2006) de se faire embaucher derrière la caméra. Et tout ce petit monde de devoir livrer un film se voulant plus violent que son prédécesseur et dans un délai forcément court puisque chez Fox, on a déjà calé la date de sortie. Mais tant de précipitation et d’opportunisme ne pouvait pas faire bon ménage avec le film de genre, comme le prouvent déjà les deux séquelles de Saw (la nouvelle référence du genre de ces dernières années).
THEY’RE COMING OUTTA THE GODDAM WALLS, WE’RE FUCKED!
En bon gros fan d’Aliens (1986), Martin Weisz s’attelle alors à livrer un produit bien influencé et propice au massacre de sa Garde Nationale, devenue victime malgré elle des mutants des collines. Et si, effectivement, l’apport du film de James Cameron est indéniable (les séquences dans les coursives et autres tunnels semblent être carrément calqués dessus), La Colline a des yeux 2 a quand même beaucoup de mal à lui arriver à la cheville. Ne serait-ce qu’au niveau des rôles ou de leurs interprètes: on est loin d’arriver à la force, au charisme et à la personnalité des Hicks, Hudson, Vasquez ou autre Apone. Et comme les spécificités de chacun ne vont pas au-delà du cliché ambulant (la maman, le Rambo, le pacifiste…), on a du mal à se passionner pour le sort de viande sur pattes. D’ailleurs, comme le scénario ne cherche rien d’autre qu’à montrer cette bande de militaires attirée vers l’inévitable abattoir, on attend patiemment les morts successives sans jamais ciller ni éprouver le moindre sentiment de malaise quant aux démembrements, tant ceux-ci paraissent pauvres et expédiés. Bref, rien à voir avec la boucherie de son prédécesseur. Enfin, pour ceux qui espéraient quand même de beaux duels remplis d’hémoglobine entre les mutants assoiffés et les soldats, mitrailleuses en bandoulière, ils risquent là aussi d’être plus que déçus tant le film se concentre sur le non-affront (ou si peu), préférant jouer l’effet de surprise et le jeu de cache-cache (Weisz n’a décidément pas encore digéré Aliens). Tout ce qu’il faut désormais espérer, c’est que les studios y réfléchiront à deux fois avant de se lancer à corps perdu dans les séquelles immédiates et dispensables (le film n’a pas rencontré le même succès que son prédécesseur outre-Atlantique et termine sa course avec seulement 20 millions de dollars de recettes, à peine deux fois moins que le remake) afin de mieux contenter les fans que nous sommes, et enfin livrer des suites digne de ce nom.