Collection Décadrage: Etoile Violette / Un camion en réparation

Collection Décadrage: Etoile Violette / Un camion en réparation
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Etoile violette: Un tailleur écoute une petite radio le jour, un petit professeur le soir. Le tailleur n'a pas grand-chose à dire. Normal, il attend le retour de Jean-Jacques Rousseau, le premier folk-singer français. Un Camion en réparation: Eugène a 20 ans. Il va mal et pourtant c'est l'été. A l'occasion d'un séjour en province, son regard se pose sur Pierre, la trentaine. Il décide de s'en faire aimer...

NOBODY'S PERFECT

Après une fournée inégale, où se côtoyaient le très bon (La Peau Trouée de Julien Samani) et le très mauvais (Mystification, ou l’histoire des portraits de Sandrine Rinaldi), la collection Décadrage remet le couvert et amène en salles une nouvelle paire de moyens métrages. Il convient tout d'abord de saluer la constance dans l'envie de diffuser en salle autre chose qu'une heure et demie, d'y apporter du frais, de nouveaux visages, d'autres univers. Belle démarche, donc, généreuse et bien intentionnée — hélas diversement fructueuse à l'écran. Commençons par ce qui fâche, en l'occurrence Etoile violette, farce poseuse et empesée, augmentée d'une parfaite compile musicale cache-misère griffée Inrocks. Nourri d'une poignée de dialogues très ostensiblement décalés, le film n'a pour lui que sa volonté de sortir des chemins rebattus — ceci ne l'empêchant pas de foncer, aveuglément, à reculons, dans le mur prétentieux d'une écriture automatique déclamatoire et chichiteuse. De poses post-modernes en lourdeurs symboliques, Etoile violette fait mauvaise caricature d'un certain courant suffisant et, lâchons le mot, intello du cinéma français.

CAMION CLIMATISÉ

Il en va heureusement tout autrement d'Un Camion en réparation, premier film sensible et simple, d'une humilité en parfait accord avec ses moyens. Soit une histoire simple: un amour mal partagé. Un contexte clair: la campagne estivale, ses pauses café sous les frondaisons, ses longues soirées éthyliques. Et des personnages, portant haut cette modestie sur leurs délicates épaules: beau jardinier taciturne, frêle corps aimant du héros, figures féminines maternelles et amicales… Arnaud Simon laisse couler son univers, sa petite musique familière, convoquant le François Ozon court métragiste des débuts (on songe notamment à Une Robe d'été), sans pour autant oublier de se forger son caractère propre. Le résultat final, pour fragile qu'il soit, est vecteur de si plaisantes promesses qu'on passera volontiers sur la légèreté parfois trop volatile de son propos, pour en retenir avant tout la douceur. Et, n'en déplaise à Patrice Leconte, qui récemment, sur Canal+, criait au trop-plein de premiers films français, c'est justement de cette tendresse toute cinégénique aux vertus rafraîchissantes, que nos salles ont besoin. On n'en dira pas autant des éléphants clinquants et patauds, qui monopolisent de leurs rires gras la majorité des écrans hexagonaux.

par Guillaume Massart

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