Étrange Festival: Cold Hell
Özge, immigrée turque en Autriche, chauffeur de taxi et adepte de boxe thaïlandaise, assiste à l’assassinat de sa voisine. Le tueur, un fanatique religieux, l’a vue et va tout faire pour l’éliminer coûte que coûte. Mais serait-il tombé sur plus fort que lui ?
ENFER ET DAME NATION
Si vous ne connaissez pas Stefan Ruzowitzky, sachez que l’Autrichien a derrière lui quelques longs métrages comme Cold Blood ou All the Queen’s men ainsi que Les Faussaires détenteur de l’Oscar du meilleur film étranger en 2007. Et à cette filmographie non exhaustive, on ne peut que rajouter les fameux Anatomie et Anatomie 2 à l’ambiance bien explicite qui ont fait une partie de la réputation du réalisateur. Bref, avec un tel palmarès et surtout ses antécédents sur le fameux diptyque, on était en droit d’attendre de ce Cold hell un thriller à l’ambiance électrique, une traque au sommet froide et implacable et surtout une course à la survie tout en tension. Sauf qu’à la vue du résultat on peut clairement affirmer que la douche est plus que froide.
Drame camouflé en thriller ou thriller qui se sert du drame pour se donner un peu de consistance, Cold Hell navigue en fait en eaux troubles et n’arrive jamais clairement à définir sa ligne de conduite. Pas que le mélange des genres soit un problème en soit mais ici on ne sait jamais où se placer. Car avec cette chasse au témoin gênant plutôt cruelle sur le papier se cache surtout un portrait : celui d’une femme effacée et qui n’a que peu de place pour exister dans son monde où l’homme, qu’il soit lâche, agressif, pédophile ou tueur en série (on appréciera l’enchainement), domine et l’étouffe. Balourd et pas très finaud, le réalisateur profite même de l’occasion qui lui est donné via ce portrait pour révéler un malaise contemporain et faire un constat social sur la place de la femme dans une société qui ne la considère pas toujours. Engagé alors Cold Hell ? Évidemment ! Mais le réalisateur étant malgré tout obligé de composer avec une intrigue policière aux ficelles aussi grosse qu’une corde d’amarrage de yacht, on a vite fait de ne plus trop savoir où se placer et de se désintéresser de ce script prétexte qui oblige l’ensemble à se retrouver le cul entre deux chaises sans jamais réussir à rendre au moins un des axes intéressant. Un vrai coup dans l’eau !