Club des empereurs (Le)
The Emperor’s Club
États-Unis, 2002
De Michael Hoffman
Scénario : Neil Tolkin
Avec : Embeth Davidtz, Emile Hirsch, Kevin Kline
Durée : 1h45
Sortie : 30/04/2003
Pendant des décennies, William Hundert s’est efforcé d’être le professeur le plus irréprochable possible. Au prestigieux lycée de St Benedict, il va rencontrer un élève mettant en doute ses certitudes…
TEACHING MR HUNDERT
Un professeur croise votre chemin et votre vie s’en voit bouleversée. Le cinéma s’est gargarisé de ces odes à l’enseignement, faisant de ses représentants des héros modernes que les élèves applaudissent debout sur leurs pupitres. D’un réalisateur aussi académique que Michael Hoffman, on attendait peu (refroidis par les poussiéreux Le Don du roi ou Un Beau jour) et l’on est presque surpris, le film ayant le relatif bon goût de ne pas se contenter de suivre paresseusement ses balisées conventions. Image d’une certaine perfection à la pérennité insubmersible, le professeur Hundert, confronté à la fragilité de ses principes, apparaît plus comme un personnage désabusé qu’un modèle de réussite. "Comment le monde se souviendra t-il de vous?", demande t-il à ses élèves. "Comment le monde se souviendra t-il de lui?", sera t-on tenté de lui demander. L’homme est seul, célibataire, et ses principes d’enseignement vont finir par lui apparaître comme dépassés. La motivation, au fil des années, n’est ravivée que par l’organisation d’un concours entre étudiants, sorte de "Questions pour un champion" dérisoire. De plus, le système huilé se voile sous les coups de Sedgewick, un de ses jeunes étudiants. Le savoir comme moyen d’accession à l’excellence est une voie, la tricherie en est une autre. L’image d’un élève médiocre et incapable, soutenu par le prestige d’un père impliqué dans les choses de la politique, et qui parvient finalement à être diplômé d’une grande école, ne rappelle t-elle pas celle d’un président actuel? A l’oreille d’Hundert, c’est simplement l’écho de l’échec qui résonne et met en branle des décennies de conviction.
Dommage que le film n’ait ni l’audace, ni peut être l’envie de creuser son sillon dans un registre plus subtil, plus contrasté, moins manichéen. Le Club des empereurs est trop schématique pour convaincre, trop contradictoire pour être parfaitement cohérent. Le personnage de Hundert demeure finalement conforté et applaudi, l’image de l’éducation reste celle d’un vecteur ultra démocratique (le jeune Indien comme modèle de réussite), le bon restera bon et le pêcheur ne s’affranchira jamais de ses démons. Ce dernier est si caricatural que la charge finit par tomber à l'eau, les doutes de Hundert qui faisaient l'intérêt de la première partie s'évaporant peu à peu pour laisser place à l'ode à l'enseignement redouté. Un petit orteil dans l'eau froide du politiquement incorrect aurait pourtant largement fait du bien à ce Club policé et étriqué.