Festival de Gérardmer: Clown
Lorsque le clown engagé pour animer l’anniversaire de son fils lui fait faux bond, un père de famille qui travaille comme agent immobilier doit prendre la relève. Il trouve par hasard un vieux costume de clown dans le sous-sol d’une maison qui vient d’être mise en vente et il revêt le déguisement pour assurer le spectacle. Le lendemain de la fête, il réalise qu’il n’arrive plus à se débarrasser du costume alors devenu une seconde peau...
I LOVE CHEAP THRILLS
Clown débute tambour battant dans les cris d'un anniversaire d'enfants, et quelques rebondissements ludiques et musclés plus tard, se conclut dans le décor factice d'une maison hantée de fête foraine. Il n'y a presque pas besoin d'en dire plus: du début à la fin, le film entier fonctionne comme un très sympathique tour de manège. Une course peut-être moins du type grand huit extrême que train fantôme rigolard, mais qui demeure néanmoins particulièrement efficace. Clown date déjà de 2014 mais, hasard du calendrier des festivals, il arrive sur nos écrans alors que son réalisateur Jon Watts s'est entre-temps fait remarquer avec son film suivant, le thriller minimaliste Cop Car. Les registres des deux films ont beau être différents, on y retrouve une approche similaire. A commencer par un dégraissage bienvenu dans l'écriture: le film n'a pas peur d'aller droit au but, d'aller vite (quitte à parfois passer un peu rapidement sur la mythologie du personnage) et de se passer d'explications superflues. Le manège secoue d'emblée, et tant mieux.
Les deux gamins de Cop Car étaient poursuivis par une figure virile anonyme et effrayante, c'est cette fois une créature paternelle littéralement monstrueuse qui vient semer le chaos. Honnêtement, la piste psychologique d'une famille où il faudrait s’entre-tuer pour survivre n'est présente qu'en minces filigranes. Narrativement, Clown respecte en s'amusant les codes du film de monstre, mais n'invente pas grand chose. Néanmoins, ce qui peut lui manquer d'originalité, le film le rattrape en efficacité. La farce est à la fois grotesque et cruelle, et il y plane un mauvais esprit tout à fait réjouissant. Paradoxalement, Clown devient alors sage et pas sage. En effet, certaines mises à mort sont à la fois très drôles et d'une violence assez gonflée. Encore aujourd'hui, très rares sont les films d'horreur à oser braver ce qui est presque un tabou: tuer violemment des enfants à l'écran. Clown en fait son affaire, et parvient ce faisant à conjuguer l'effroi et l'humour sans tomber dans la potacherie ou la violence éprouvante. Ni traumatisant (sauf peut-être pour les coulrophobes aigus) ni parodique, le film trouve son équilibre dans une sorte de générosité méchante. Un mauvais esprit... de clown.