Festival Kinotayo: Close-Knit
Karera ga Honki de Amu Toki wa
Japon, 2017
De Naoko Ogigami
Durée : 2h07
Tomo, 11 ans, vit avec sa mère mais elle est livrée à elle-même la plupart du temps. Quand sa mère la laisse une nouvelle fois pour partir avec un homme, Tomo trouve du réconfort auprès de son oncle et sa nouvelle partenaire Rinko, une femme transgenre. Rinko se révèle la mère que Tomo rêve d’avoir mais tout le monde est ne l’entend pas de cette façon.
MAILLE SERRÉE
Contrairement à ce que l'on pourrait croire si l'on ne se fiait qu'aux sorties dans nos salles françaises, Naomi Kawase n'est pas l'unique réalisatrice japonaise en activité ! Bien que sa filmographie soit presque invisible chez nous en dehors de Kinotayo, Naoko Ogigami (Megane, Rent a Cat) en est déjà à son septième long métrage, et c'est à la Berlinale que Close Knit a fait sa première mondiale, où il a d'ailleurs d'ailleurs reçu une mention au Teddy Award. On pourrait traduire ce drôle de titre par "maille serrée". Mais quelles sont les mailles en question? Certainement pas celles qui unissent Tomo, onze ans, à sa famille, composée d'une mère alcoolique et démissionnaire, et d'un père inexistant. Après un énième abandon, Tomo se retrouve confiée à son oncle, et à la fiancée de ce dernier: Rinko. Or Rinko est une jeune femme transsexuelle.
L'effet de surprise chez Tomo dure... quelques secondes. Et face à cette situation, comme face à son ancienne vie, elle garde une regard bienveillant. Le film fait pareil, et écarte avec une grande simplicité ces enjeux-là. Il faut dire que Rinko est à la fois la mère et la grande sœur idéale: une confidente chaleureuse et pleine de bons conseils. Soit dit au passage, il est ironique de voir à quel point Rinko correspond aussi à un fantasme très japonais de la femme au foyer: toujours très serviable envers son mari et disproportionnellement discrète, jusque dans sa voix – un simple murmure. La vie se déroule donc avec bonheur pour cette famille recomposée, entre bentos kawai, balades sous les cerisiers en fleurs, et séances de tricot (c'était donc ça).
A la fois source de chaleur humaine et travail collectif, la métaphore du tricot est entendue. De même, le scénario suit un déroulé attendu, quitte d'ailleurs à prendre parfois un peu trop son temps. Mais c'est également la force du film, qui se sert précisément du cadre fort familier de la comédie dramatique familiale pour fait passer un message des plus subversifs et contemporains. Close Knit est certes tout doux mais, à l'image des tricots de Rinko qui se révèlent être... des bites en laine destinées à être brûlées, le film cache un surprenant point de vue sur la famille.