Cité de Dieu (La)
Cidade de Deus
Brésil, 2003
Scénario : Bráulio Mantovani
Avec : Leandro Firmino da Hora, Phelipe Haagensen, Seu Jorge, Alexandre Rodrigues
Durée : 2h15
Sortie : 12/03/2003
Années 60. Gamin de onze ans, Fusée habite la Cité de dieu, une banlieue pauvre de Rio. Son grand frère vit de chapardages et se retrouve mêlé à un meurtre sordide. Petit Dé admire le gang de Tignasse et rêve de devenir le roi du quartier. Années 70. Petit Dé prend en charge le trafic de drogue avec la complicité de Bené. Paranoïaque, le caïd souhaite se débarrasser des autres dealers. Plus sentimental, Fusée tombe amoureux de la jolie Angelica. Années 80. Petit Dé devenu Petit Zé règne sur un empire de la drogue. Il ne tolère plus la moindre résistance et viole la compagne de Manu Tombeur. Ce dernier s'allie avec Carotte pour se venger. Fusée devient le témoin privilégié de cette guerre urbaine.
RESERVOIR DOGS
Pour son troisième long métrage de fiction après une carrière publicitaire, Fernando Meirelles s'attaque à un Everest de la littérature brésilienne, Cidade de Deus de Paulo Lins: le récit sur plus de six cent pages d'une favela de Rio de Janeiro, peu à peu gangrenée par les trafics de drogue et la guerre des gangs. Trois histoires s'entrechoquent sur une période de trente ans; trois cent personnages se pressent autour d’un jeune garçon servant de narrateur omniscient. Témoin passif de l'horreur quotidienne, Fusée n'est autre que l'auteur lui-même, qui vient apporter une caution documentaire aux destins croisés des adolescents. Dans son adaptation, le cinéaste brésilien a transformé le futur écrivain en héros actif. Fusée est présenté comme l'élément commun des trois intrigues qui se juxtaposent. Son ascension sociale coïncide avec les déchéances irrémédiables de Petit Dé et Manu Tombeur. Elle apporte une lueur d'espoir salutaire dans le cauchemar sans fin que vivent les habitants de la favela. Prisonniers de la folie belliqueuse des dealers, ces derniers sont à jamais délaissés par un pouvoir politique corrompu ou absent.
IL ETAIT UNE FOIS LE BRESIL
Au regard de la profusion des situations et des ambiances, Fernando Meirelles accomplit un tour de force. En dépit d'une construction temporelle alambiquée et superflue, le disciple de Walter Salles ne perd jamais ses héros en route. Il parvient toujours à revenir à l'essentiel: les destins contrastés de Petit Dé, Fusée et Bené, amis d'enfance éloignés par la dureté de la vie. Les transformations urbaines suffisent à exprimer les changements d'époque. Les couleurs chaudes des sixties disparaissent au profit des paillettes disco puis cèdent à la froideur des années 80. Le choix d'une mise en scène stylisée utilisant un vocabulaire formel moderne répond à la volonté d'aborder ce pan de l'histoire sous un angle mythologique. Le film n'est jamais plus séduisant que lorsqu'il abandonne tout point de vue moral pour ne s'attacher qu'aux personnages. Sous influence américaine (Martin Scorsese, référence évidente), il multiplie les scènes chocs, ce qui diminue paradoxalement l'émotion. Parfois insoutenables, les images se succèdent dans un chaos frénétique et l'on peut regretter la trop grande force symbolique de la dernière partie du film. Imparfait mais bouillonnant de belles idées de cinéma, La Cité de dieu est l'acte de naissance d'un cinéaste prometteur.
En savoir plus
La Cité de dieu est à l'origine un livre théologique écrit par Saint-Augustin. Ce dernier distinguait une cité terrestre et la Cité de Dieu dans laquelle vivaient les Saints.