Chongqing Blues

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Chongqing Blues
Rizhao Chongqing
Chine, République populaire de, 2010
De Wang Xiaoshuai
Scénario : Wang Xiaoshuai
Avec : Bingbing Fan, Xueqi Wang
Photo : Wu Di
Durée : 1h50
Note FilmDeCulte : ****--
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Lin, capitaine de bateau, rentre de 6 mois en mer lorsqu'il apprend la mort de son fils de 25 ans, Lin Bo, abattu par la police. Il retourne à Chongqing, ville où il a autrefois vécu, pour découvrir ce qu'il s'est passé et réalise qu'il connaissait peu son fils. Il comprend alors à quel point son absence a pesé sur la vie de son enfant.

OH DADDY BLUES

Initialement prévu au programme de la sélection Un Certain Regard 2010, Chongqing Blues, le nouveau film de Wang Xiaoshuai (prix du jury 2005 pour Shanghai Dreams), a été intégré tardivement dans la sélection reine, en compétition cannoise. Ne pas croire pour autant qu'il s'agisse de remplissage de dernière minute: le film, inspiré, ample, est peut-être le meilleur de son auteur. Chongqing Blues raconte sous la forme d'une enquête, l'histoire d'une fêlure, celle d'un marin qui a laissé derrière lui, et depuis des années, femme et enfant, avant d'apprendre la mort de celui-ci, qu'il n'a plus vu depuis 15 ans. Fêlure d'un homme en fuite, mais finalement rattrapé par le chagrin. Et fêlure temporelle: Lin passe son temps à recueillir des confidences ou témoignages, quelque chose pour remplir le vide d'un homme qui ne se souvient plus du visage de son défunt fils, lui qui n'est plus qu'une ombre, ou quelques pixels sur une vidéo surveillance. Wang Xiaoshuai filme ces fragments, peu à peu reconstitués, mais aussi l'impasse tragique: à chaque pièce de puzzle ajoutée, une nouvelle semble s'effacer. Absence du fils, et absence du père. Chongqing Blues raconte le fossé creusé entre les générations, l'impossibilité de communiquer, thème illustré par la relation houleuse entre Hao, un ami du fils, et son propre père. Hao méprise son père dit-il, mais affiche également sa précieuse volonté de le préserver. Lin, lui, n'a plus que ses souvenirs qui glissent entre les doigts, revenu dans une ville drapée d'un voile bleu mélancolique. Dommage néanmoins que le dénouement s'acharne à expliquer, brisant un peu le rythme et le mystère, dans un film qui jusque là brillait par son art gracieux du non-dit.

par Nicolas Bardot

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