Black Movie Festival: Chevalier

Black Movie Festival: Chevalier
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Chevalier
Grèce, 2015
De Athina Tsangari
Scénario : Efthymis Filippou, Athina Tsangari
Durée : 1h39
Note FilmDeCulte : ****--
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Six hommes se retrouvent bloqués sur un luxueux yacht de la mer Egée suite à une avarie mécanique. Ils commencent à se disputer pour savoir qui est "le meilleur en général".

LE NAVIRE DES HOMMES PERDUS

Dans le sillon du brillant Yorgos Lanthimos (Canine, The Lobster), Athina Rachel Tsangari s'était faufilée sur la petite liste des révélations de la nouvelle vague grecque, cette nouvelle génération de cinéaste à l'humour absurde et acide. Dans Chevalier comme dans son précédent long métrage Attenberg, il est question du corps humain. Un corps que chacun doit à apprivoiser, expérimenter, et même upgrader. Mais le corps d'Ariane Labed a ici laissé place à celui de l'ex-candidat grec de l'Eurovision Sakis Rouvas, entourés d'autres bonshommes pas forcément tous en forme. Comme dans un remake arty inattendu de La Croisière foll'amour, une demi-douzaine de gaillards se retrouvent donc seuls, immobilisés en pleine mer sur un paquebot de luxe. Qui sont-ils? Où vont-ils? Le scénario laisse volontairement toute explication de côté, pour se concentrer sur l'ici et le maintenant. Cela donne un curieux mélange de déconnexion rêveuse (la caméra ne sort presque pas du bateau, qui n'accoste jamais) et de trivialité. Car l'ennui va pousser ces papas à se livrer à un impossible concours d'orgueil pour déterminer qui est le meilleur d'entre eux, qui mérite le titre de chevalier.

On ne spoilera pas les épreuves du jeu en question, mais celles-ci tanguent entre folie douce et violence décalée. La génération de nouveaux cinéastes grecs est connue pour son usage cinglant de la métaphore. Ce jeu de rôle, qui n'est autre qu'un gigantesque concours de bite, aurait rapidement pu devenir balourd sans une légèreté bienvenue, et sans malice dans le décalage des sexes. La réalisatrice filme avec humour une concurrence physique qui rend les hommes jaloux et mesquins, deux adjectifs que les clichés associent le plus souvent aux femmes. Cette inversion a moins pour but de transposer la violence qu'il y a à sans cesse comparer et juger les corps des femmes, que de rendre aux hommes leur dimension physique, quitte à les rendre pathétiques. Bien vu. L'idée a de quoi séduire, et permet au film de maintenir son cap, même lorsque celui-ci menace (comme le bateau) de stagner un peu trop paisiblement.

par Gregory Coutaut

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