Chemin de la liberté (Le)

Chemin de la liberté (Le)
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Chemin de la liberté (Le)
Rabbit Proof Fence
Australie, 2002
De Philip Noyce
Avec : Kenneth Branagh, Laura Monaghan, Evelyn Sampi, Tianna Sansbury
Musique : Peter Gabriel
Durée : 1h34
Sortie : 23/04/2003
Note FilmDeCulte : ****--

1931, des enfants aborigènes sont kidnappés par le gouvernement et déplacés loin de leur famille, afin d’être éduqués à l’anglaise et devenir de futurs serviteurs de familles d’immigrés blancs. Trois petites filles subissent ce sort et sont emmenées à 2 000 kms de leurs parents. Elles vont alors chercher à rentrer chez elles en suivant l’immense clôture anti-lapins qui coupe le pays en deux.

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Le film s’ouvre sur une vue d’avion de l’immensité du panorama australien. Le ciel est bleu et la nature sauvage s’étend sur des milliers de kilomètres. L’Australie est un pays nouvellement colonisé et les immigrants occidentaux cherchent à contrôler les autochtones, bien moins organisés et avancés technologiquement qu’eux. Bientôt, à l’instar des Indiens parqués dans des réserves aux Etats-Unis, une loi est passée afin de contrôler tous les aspects de leur vie. Ainsi, un seul homme décide de leur droit de se marier et d’avoir des enfants, ainsi que d’enlever leurs enfants pour les emmener dans un camp de rééducation. L’histoire des colonisations est parsemée de drames similaires où les cultures conquises sont appelées à disparaître, phagocytées et étouffées par le modèle occidental dominant. Et, comme un devoir de mémoire et de conscience, le cinéma a toujours cherché à rendre hommage aux victimes de ces génocides culturels. De Little Big Man à Cry Freedom en passant par Malcom X, nombreux sont les films traitant de ces sujets forts et porteurs. Le Chemin de la liberté ne fait pas exception. Phillip Noyce (réalisateur australien immigré lui-même à Hollywood et souvent peu inspiré, mais auteur du très bon Calme blanc avec Nicole Kidman) cherche à traiter avec respect et retenue un sujet qui visiblement le passionne . Il décrit parallèlement dans son œuvre la fuite désespérée des petites filles et les procédures de recherches lancées par Neville, le tuteur de tous les aborigènes (Kenneth Branagh), qui n'a de cesse de justifier la destruction de la culture aborigène, en invoquant "leur propre bien".

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Stigmatisant ses excès de nation juvénile, Noyce ne cherche aucune excuse à son propre peuple. Oui, une sorte d'apartheid a existé en Australie dans les années 70. Oui, comme dans beaucoup d'autres pays, les véritables natifs de l'Australie ont été pourchassés, réprimés, et leur culture forcée au silence. Oui, les Australiens cherchaient à diluer le génome aborigène dans la culture blanche afin de faire disparaître la couleur noire. Phillip Noyce ne se voile pas la face en prenant comme exemple l'incroyable périple de ces petites filles. Il établit un parallèle cruel entre la façon dont les aborigènes étaient traités et la barrière, utilisée par les fermiers afin d'empêcher les lapins (importés par les colons) de ravager leurs terres cultivées. Les blancs sont incapables d'assumer à la fois leurs propres erreurs et la façon dont ils s'insèrent dans leur nouvel environnement, qu'ils soustraient à leurs occupants ancestraux. Le film est en soi un constat d'échec. Dommage alors que devant tant de belles intentions, il soit parfois trop long, mal structuré et légèrement expédié sur la fin, la notion de temps qui passe n'étant pas parfaitement rendue. Toutefois, sachons rendre hommage à Noyce et sa façon de filmer les immensités arides et désertiques de l'Australie. À Peter Gabriel pour avoir composé une fois encore une bande-son envoûtante, ainsi qu'à Evelyn Sampi, formidable petite fille dont le périple la force à assumer profondément sa culture ancestrale.

par Nicolas Plaire

En savoir plus

Découverte par le capitaine Cook, l'Australie est d'abord utilisée comme bagne. Jeune pays, elle voit l'essentiel de ses 19 millions d'habitants arriver au 20e siècle, depuis 120 nations différentes. Seulement, vingt-quatre lapins ont été introduits en 1874 en Australie. Ils se reproduirent à une vitesse vertigineuse et atteignirent le nombre de cinq milliards d'individus en 1949, menaçant fortement les cultures et les hommes en raison de la myxomatose. Le lapin est considéré comme un nuisible en Australie. La fameuse clôture du film servira à protéger les terres agricoles des lapins. Aujourd'hui, des portions entières de ce qui a été la plus grande barrière du monde existent encore.

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