Chatte à deux têtes (La)
La Chatte à deux têtes
France, 2002
De Jacques Nolot
Scénario : Jacques Nolot
Avec : Lionel Goldstein, Jacques Nolot, Vittoria Scognamiglio, Olivier Torres, Sébastien Viala, Fouad Zeraoui
Durée : 1h27
Sortie : 20/11/2002
Les allées et venues des spectateurs d’un cinéma pornographique, navigant entre la salle, les toilettes et le hall d’entrée dans lequel la caissière donne à qui veut l’entendre ses conseils sur la vie.
SANS QUEUE NI TÊTE
Il y a dans le film du comédien Jacques Nolot (Les Roseaux sauvages) un côté exaspérant mal compensé par l’évidente sincérité du projet. Ayant lui-même fréquenté les cinémas pornographiques il y a quelques années, le cinéaste ne peut être taxé de menteur, mais il devient malgré tout rapidement évident qu’il porte sur ses personnages un regard peu compréhensif, les peignant comme autant de détraqués. Bien entendu, ces personnages ne sont pas systématiquement mauvais ou pitoyables, certains s’en sortent plutôt bien aux yeux de Nolot, mais il semble peut-être un peu trop facile de porter un regard et un jugement aussi dur sur des personnages plus ou moins réalistes sans leur laisser le moindre droit de réponse. Tous ne sont que des images, des stéréotypes dans la bouche desquels Nolot ne met que des dialogues maladroits soulignant leur mal-être. Le film, devant cette galerie de personnages, devient un peu trop facilement complaisant, maladroit, et donc répugnant. Non pas par ce qu’il montre, mais par la manière dont il juge ce qu’il voit: des hommes se déculpabilisant de leur homosexualité en allant voir un film présentant des scènes sexuelles hétéros.
Pourtant, il y a dans le film quelques instants de toute beauté, notamment lors de ses nombreux travellings latéraux filmant en un seul plan les orgies organisées aléatoirement dans la salle. Une douceur, un flottement dans la caméra, qui ne trouve que rarement d’écho dans les divers dialogues du film. Sauf peut-être dans les anecdotes biographiques de cette femme, la caissière, très bien jouée par la touchante Vittoria Scognamiglio. Racontant sa vie à qui veut l’entendre, elle constitue la seule marque d’espoir de ce film malheureusement pas assez attachant.