Chambre des morts (La)
France, 2007
De Alfred Lot
Scénario : Alfred Lot d'après d'après l'oeuvre de Franck Thilliez
Avec : Eric Caravaca, Laurence Côte, Mélanie Laurent, Gilles Lellouche, Céline Sallette, Jean-François Stévenin, Jonathan Zaccaï
Photo : Jérôme Alméras
Musique : Nathaniel Mechaly
Durée : 1h58
Sortie : 14/11/2007
En pleine nuit, au milieu d'un champ d'éoliennes, deux informaticiens au chômage renversent un homme surgi de nulle part. A ses côtés, un sac rempli de billets: deux millions d'euros, là, à portée de main et aucun témoin. Que faire? Appeler la police ou profiter de l'occasion? Le lendemain, dans un entrepôt à quelques mètres des lieux de l'accident, la police retrouve le corps de Mélodie, une fillette aveugle. Et si l'argent était destiné à payer sa rançon? L'assassin a-t-il vu les chauffards? Une autre enfant est kidnappée. Diabétique cette fois. Ses heures sont comptées. À l'hôtel de police de Dunkerque, le compte à rebours est lancé. Aux côtés du lieutenant Moreno, un collègue très prévenant, Lucie, jeune brigadier de 26 ans, participe à sa première enquête.
COLD CASE
Devant un film comme La Chambre des morts, difficile de croire qu'il puisse s'agir d'une première œuvre, tant l'ambiance créée par son réalisateur est en uniformité totale avec son sujet. Noire, glauque et quasiment malsaine, cette atmosphère si particulière voulu par Alfred Lot pourrait être comparée aux environnements généralement mis en place dans les films de Guillaume Nicloux (Le Poulpe, Une affaire privée, Cette femme-là, Le Concile de pierre) et qui rappelle aussi celle des Rivières pourpres (Mathieu Kassovitz, 2000). Bref, du cachet, La Chambre des morts n'en manque pas. D'autant que son rythme sec et métronomique permet de passer du temps avec les protagonistes principaux et ainsi créer de vrais personnages, remplissant un scénario habile où l'auteur laisse s'écouler ses indices au compte-goutte comme une mécanique bien huilée et contrôlée qui cite principalement Le Silence des agneaux (une belle référence donc). Mais dans la construction de son récit filmique, Lot se permet une sorte de retournement à 180 degrés qui risque de laisser plus d'un spectateur dubitatif. Au jeu de pistes classique suivi par l'héroïne et son coéquipier, l'histoire bascule volontairement vers l'autre point de vue: celui de l'assassin kidnappeur. Un parti pris certes intéressant et osé, qui permet censément de creuser un autre vrai personnage tout en plaçant une résonance avec le rôle principal. Mais une trop faible interprétation et certains détails psychologiques versant dans le too much n'aident pas à l'appréciation globale de ce revers narratif. Ainsi, la seconde partie apparaît comme bien plus faible et moins attrayante. Dommage, car sans cette envie de sortir le film des codes du genre, Lot et son "polar/thriller" empruntait vraiment la route des meilleures œuvres françaises du même style.