The Challenge
Un riche fauconnier traverse le désert du Qatar en Lamborghini et accompagné par son léopard pour se rendre à une compétition.
RÉUNION SECRÈTE
Dépourvu de dialogues mais riche en plans marquants, The Challenge débute de façon sacrément mystérieuse. Aucun intertitre ou voix off ne vient nous expliquer qui est à l'écran, ou bien où se déroule tout cela, et ce jusqu'à la fin. Frustrant ? Pas longtemps, car ce "tout cela" n'est quand même pas banal du tout : des riches Qatariens se déplaçant à bords de moyens de transport futuristes et démesurément luxueux (des motos dorées, vraiment ?), flanqués d'animaux domestiques à l'allure aristocratique (un superbe léopard, des oiseaux de proie mieux habillés que nous). Vers quelle étrange destination convergent tous ces hommes charismatiques ? Où et quand sommes-nous ? Sommes-nous devant une fiction (voire de la science-fiction) ou un documentaire ?
Cette dernière question se révèle rapidement obsolète. Contrairement à 99% des films – docs ou fictions – qui naissent du désir de raconter quelque chose, c'est ici l'image qui est à l'origine et au cœur du film. The Challenge témoigne d'une autre approche du pouvoir de fascination de l'image, dans le sens où celle-ci n'est pas là pour illustrer un récit. Cette notion est d'ailleurs peut-être l'une de celles qui permettent de réfléchir aux nuances entre un film de cinéma et un film d'art. The Challenge a bien un propos, un sujet, mais cherche moins à documenter qu'à faire naître une émotion par le travail autour de l'image. Par la composition, la lumière, le montage, par la complémentarité avec le son. Et ça marche.
The Challenge provoque par moments le rire, mais donne surtout l'impression d'assister à un rêve étrange, situé dans un monde parallèle. Le réalisateur Yuri Ancarani travaille beaucoup les contrastes, accumulant les paradoxes jusqu'à créer un certain vertige. Ce tournoi de fauconniers (c'était donc ça) est un événement d'une taille apparemment titanesque, et pourtant le film est étonnamment apaisé. Les véhicules hi-tech tranchent poétiquement avec le désert ancestral, tandis les rituels ultra-précis détonnent dans cette armée de motards sortis de Mad Max. L'absence d'explication se révèle alors être le meilleur moteur pour cette atmosphère d'hypnotisant mystère qui n'arrête pas de grandir.