Génération: Ceux qui font les révolutions à moitié n'ont fait que se creuser un tombeau

Génération: Ceux qui font les révolutions à moitié n'ont fait que se creuser un tombeau
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Klas Batalo, Giutizia, Tumulto et Ordine Nuovo, quatre Québécois dans la vingtaine, refusent le monde tel qu’il leur est offert. Trois ans après l’échec retentissant du « Printemps Érable », ils se lancent dans des actions de vandalisme qui tendent de plus en plus vers le terrorisme. Mais leur avant-garde révolutionnaire ne rejoint visiblement pas les aspirations dominantes de la société et risque à tout moment de leur éclater au visage.

CRISE D'ADO

On ne fera jamais la moue contre des cinéastes qui font preuve d'ambition, ni contre ceux qui se laissent aller à la vanité pourvu que celle-ci serve une vision. Mais on doit bien avouer que Ceux qui font les révolutions à moitié n'ont fait que se creuser un tombeau touche le jackpot dans la catégorie grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. Le long métrage des Québécois Mathieu Denis et Simon Lavoie, dont le titre semble déjà être une profession de foi en matière de pédanterie, raconte le désir de révolution de jeunes gens, cinq ans après les grèves étudiantes du "Printemps érable".

Les ingrédients sont assez séduisants: cette révolution sera lyrique, enflammée, radicale, étalée sur 3 heures. Mais, dès son générique (un écran noir de plusieurs minutes avec une musique en fond sonore dont l'usage devient rapidement pompeux), le film semble avoir davantage à dire sur l'égo de leurs réalisateurs que sur son sujet. Les inscriptions à l'écran, aussi aléatoires que pachydermiques, donnent le sentiment de voir un film d'étudiants qui ne se seraient pas remis de JLG. On y citera de la poésie à poil l'air tétanisé comme dans le plus caricatural des théâtres contemporains. On se rêve Paul Claudel, on cite de grands noms, et pourtant tout ressemble toujours au ton plaintif d'une chanson de crise d'adolescence écrite par Damien Saez.

Le film est probablement encore pire quand il n'est plus dans la citation. Une scène de début de petit touchage de phalanges entre filles est interrompu par un "Y'a plus de place pour ces affaires-là. On est en guerre" dont le sérieux papal est hilarant. Une autre scène, d'une lourdeur drolatique assez irrésistible, nous joue la carte du "repas hystérique où l'on se dit tout", et verse vers l'incontrôlable parodie. Ceux qui font les révolutions à moitié n'ont fait que se creuser un tombeau a une certaine puissance, celle des films qui visent haut et se mettent à nu. Mais il nous a surtout évoqué un stellaire nanar d'auteur, une sorte d'adaptation cinématographique de l'esprit Malaise TV. Son affiche devient alors assez tragiquement ironique: les protagonistes y sont écrasés par le titre (et par extension, par le film) comme par une grosse enclume.

par Nicolas Bardot

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