C'est l'amour

C'est l'amour
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C'est l'amour
France, 2016
De Paul Vecchiali
Scénario : Paul Vecchiali
Durée : 1h37
Sortie : 09/03/2016
Note FilmDeCulte : ***---
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Odile soupçonne Jean, son mari, de la tromper. Elle décide de lui rendre la pareille et accomplit sa vengeance dans les bras de Daniel, qui, lui, partage la vie d’Albert. Un amour irrépressible naît entre Odile et Daniel : il aura des conséquences inattendues. Aux dépens de Jean comme d’Albert.

AMOUR FOUFOU

Paul Vecchiali poursuit une filmographie devenue presque secrète, clandestine. Le réalisateur franc-tireur tourne chez lui, avec sa troupe de comédiens, échappant aux radars des grands festivals de la même manière qu'il s'échappe du carcan des règles du cinéma réaliste français. Et à force de chercher la singularité hors des sentiers battus, Vecchiali s'approche ici de la quatrième dimension. Avec son absence de peur face au ridicule et son mépris pour une forme cinématographique lisse et polie, C'est l'amour ne ressemble qu'à lui-même, et nous force à écarquiller les yeux. Tant mieux. Il faut parfois se pincer devant cette absence de compromis face au bon gout : l'improbable générique de début, par exemple, ou bien ce personnage d'homo provincial aux fringues impossibles. Mais Duchamp ne disait-il pas que le bon gout était précisément "le grand ennemi de l'art" ?

Car derrière l'air amateur de l'ensemble (au sens de fauché), et derrière les coups de coude répétés (bienveillants ou vachards ?) en direction du cinéma d'Alain Guiraudie, Vecchiali fait du vrai cinéma. L'effet de miroir des deux premières scènes rappelle par exemple l'art narratif d'Hong Sang-Soo de manière saisissante : chacune de ces scènes est le reflet légèrement déformé de l'autre, où chaque variation lance une piste humoristique et émouvante à la fois. Cette ouverture est d'ailleurs ce que le film offre de meilleur. Réutilisé plus tard, l'effet perd de sa magie. C'est l'amour est comme un château de carte, c'est l'accumulation fragile et gonflée de plusieurs artifices : celui du jeu des comédiens (toujours excellents Pascal Cervo et Astrid Adverbe), celui des ficelles du récit, celles de la mise en scène. Mais la folie qui tient tout cela ensemble s’essouffle progressivement, et le long métrage donne la triste impression de perdre son équilibre. Un film dont le point d'orgue se situe au début plutôt qu'à la fin ? Ce n'est peut-être après tout qu'une singularité de plus...

par Gregory Coutaut

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