Cendrillon
Cinderella
États-Unis, 2014
De Kenneth Branagh
Scénario : Chris Weitz
Avec : Cate Blanchett, Helena Bonham-Carter, Lily James, Stellan Skarsgärd
Photo : Haris Zambarloukos
Musique : Patrick Doyle
Durée : 1h45
Sortie : 25/03/2015
Dans cette histoire, le père de la jeune Ella, un marchand, s’est remarié après la mort tragique de la mère de la jeune fille. Pour l’amour de son père, Ella accueille à bras ouverts sa nouvelle belle-mère, Lady Tremaine, et ses filles Anastasia et Drisella. Mais lorsque le père d’Ella disparaît à son tour d’une manière aussi soudaine qu’inattendue, la jeune fille se retrouve à la merci de sa nouvelle famille, jalouse et cruelle...
RACONTE-MOI UNE HISTOIRE
Cendrillon fait suite à des films tels que Alice au pays des merveilles de Burton ou Maléfique de Stromberg qui ré-adaptent les contes déjà portés à l'écran par Disney. Au film d'animation succèdent le film live et les billets verts: plus d'un milliard de dollars récoltés par Alice... sur la planète, plus de 750 millions pour la relecture de La Belle au bois dormant avec Angelina Jolie. On peut sans grand risque prédire la même carrière à ce très solide Cendrillon réalisé par Kenneth Branagh. Il y a eu de nombreuses variantes du conte, mais peu d'adaptations cinématographiques vraiment marquantes hormis celle... de Disney. La Cendrillon de Branagh est plus proche de la version Charles Perrault que celle, beaucoup plus violente, des frères Grimm. Mais sa dimension apologue simplifiée le rapproche tout naturellement de la version animée de 1950.
Vous connaissez l'histoire - et c'est peut-être la principale limite de cette illustration qui se permet peu de libertés et folies. On ne vous ressortira pas un quelconque sous-texte shakespearien sous prétexte que Branagh est derrière la caméra : son travail est celui d'un artisan et il s'acquitte de sa tâche avec efficacité. Cendrillon réussit néanmoins de choses pas si évidentes. Au kitsch alpha-mâle de Thor succède le kitsch girly de Cendrillon. Mais l'équilibre est tenu entre le kitsch réjouissant du conte, son émotion sublime et futile digne d'un couronnement de Miss France, ses éléments de déco rococo (comme un carosse qui fait rêver toutes les drag-queens de la Terre) et un premier degré assumé, sans ironie qui donnerait des coups de coude complices (et agaçants) au spectacteur du 21e siècle. Si vous voulez jouer le jeu, jouez-le vraiment et Branagh ne ment jamais sur la marchandise.
De la même manière, la jeune Lily James hérite d'un rôle impossible, mais parvient à donner à sa Cendrillon une candeur qui ne verse jamais dans la mièvrerie. C'était délicat, c'est assez réussi, comme l'aurait réussi il y a quelques années une Alison Lohman avec laquelle James partage des points communs. On n'en dira pas autant du prince incarné par Richard Madden, rôle encore plus ingrat de charmant charmeur sosie d'Anthony Dupray aux dents refaites. Les performances de Cate Blanchett et de Helena Bonham Carter, à défaut d'être surprenantes, apportent une fantaisie au film sans le faire sombrer dans la clownerie. Vous connaissez l'histoire - et c'est le festin visuel promis qui vous aura peut-être fait venir. La costumière Sandy Powell et le décorateur Dante Ferretti, 6 Oscars à eux deux, s'en donnent à coeur joie dans cette version à la temporalité un peu floue: un monde de conte de fées mais aussi de cinéma où Blanchett est lookée comme une méchante du Hollywood de l'âge d'or façon Joan Crawford tandis que la coiffure de Bonham Carter cite clairement la fée des lilas de Delphine Seyrig. Au-delà des petit(e)s qui adoreront, il n'y a aucun mal à croquer dans cette très jolie meringue.