Case départ
France, 2011
De Fabrice Eboué, Thomas Ngijol, Lionel Steketee
Scénario : Fabrice Eboué, Jérôme L'hotsky, Thomas Ngijol
Avec : Etienne Chicot, Eriq Ebouaney, Fabrice Eboué, Thomas Ngijol
Photo : Jean-Claude Aumont
Musique : Alexandre Azaria
Durée : 1h34
Sortie : 06/07/2011
Demi-frères, Joël et Régis n’ont en commun que leur père qu’ils connaissent à peine. Joël est au chômage et pas vraiment dégourdi. La France, « pays raciste » selon lui, est la cause de tous ses échecs et être noir est l’excuse permanente qu’il a trouvée pour ne pas chercher du travail ou encore payer son ticket de bus. Régis est de son côté totalement intégré. Tant et si bien, qu’il renie totalement sa moitié noire et ne supporte pas qu’on fasse référence à ses origines. Délinquance et immigration vont de pair si l’on en croit ses paroles. Réclamés au chevet de leur père mourant aux Antilles, ils reçoivent pour tout héritage l’acte d’affranchissement qui a rendu la liberté à leurs ancêtres esclaves, document qui se transmet de génération en génération. Faisant peu de cas de la richesse symbolique de ce document, ils le déchirent. Décidée à les punir pour le geste qu’ils viennent de faire, une mystérieuse vieille tante qui les observait depuis leur arrivée aux Antilles décide de leur faire remonter le temps, en pleine période esclavagiste ! Parachutés en 1780, ils seront vendus au marché comme esclaves. Les deux frères vont alors devoir s’unir, non seulement pour s’évader de la plantation mais aussi pour trouver le moyen de rentrer chez eux, au XXIe siècle.
AUGUSTES RENOIS
Le projet avait de quoi effrayer, avec ce pitch poussif pondu par de nouveaux transfuges de la scène, mais force est de constater que Case départ fait preuve d'un effort absent de bien des comédies françaises à formules qui pullulent dans les salles depuis quelques années. Difficile de ne pas penser au calamiteux Hallal Police d'État, qui fonctionne sur certains des mêmes ressorts (le duo comique central, la formule "poisson hors de l'eau", le jeu sur les clichés racistes, etc.), comparaison dont Case départ sort vainqueur sans problème. Tout d'abord, on note un minimum d'ambition dans le postulat de départ et dans la caractérisation des personnages. Là où Eric & Ramzy se cachent et se vautrent derrière le prétexte de la farce burlesque pour empiler leurs blagues racistes supposées auto-dérisoires et complètement éculées (l'accent arabe, les traditions, etc.) et donnent dans la facilité vis-à-vis du public-cible (toutes les expressions arabes), Eboué et Ngijol parviennent à donner une personnalité à leurs caricatures de noirs (le martyr, l'intégré) et surtout un arc narratif, aussi basique soit-il - comprendre leur héritage - qui donnent un tant soit peu plus de corps aux gags jouant sur les clichés (le faux voyou converti à l'islam en prison, le faux noir discriminé positif). Au même titre, l'introduction, même aussi classique, reste ancrée dans un certain réel actuel, là où Hallal Police d'État se positionne dans le stéréotype vulgaire. Après, au-delà de ces quelques considérations, c'est surtout que Case départ est un film plus drôle. Tout simplement. Il n'y a rien de follement original, et le film est à vrai dire assez inégal, les performances n'étant pas toujours au top. Sur la longueur, le récit peine à trouver un bon rythme et se retrouve à enquille un peu les saynètes. On peut apprécier une relecture trash de Retour vers le futur sur la fin mais c'est un bon exemple du n'importe quoi auquel a recours l'écriture dans son dernier acte. Dans un monde gouverné par les films de Fabien Onteniente, Case départ n'a rien de honteux. On a pas l'impression d'assister à un sketch étiré ou à une succession de blagues mille fois entendues. Et on retient un minimum de fond là où Hallal Police d'État, c'est deux heures de "bijour" et un extra-terrestre.