Carnets de voyage
Diarios de motocicleta
Brésil, 2004
De Walter Salles
Avec : Jaime Azócar, Ulises Dumont, Facundo Espinosa, Gael Garcia Bernal, Mia Maestro, Rodrigo de la Serna
Durée : 2h06
Sortie : 08/09/2004
Ernesto Guevara est un étudiant en médecine sans histoire. En 1952, il décide d'entreprendre avec son ami Alberto Granado un long voyage en moto à travers l'Amérique latine. Ce périple ouvrira les yeux et la conscience du jeune homme que l'on surnommera bientôt le Che.
EXILS
Voisins de compétition cannoise, Carnets de voyage n’est pas dénué de points communs avec la ballade musicale de Tony Gatlif vers le trouble des origines. Alors que Zano et Naïma traversent France et Espagne pour atteindre les rives d’un autre continent et y retrouver leur identité, Ernesto et Alberto enfoncent leurs doigts dans l’épaisse chevelure de l’Amérique du Sud, sans jamais quitter son sol, mais en traversant ses différentes écailles, d’Argentine à Chili, de Pérou à Venezuela. Les villes de l’un (cités antiques ou modernes) jusqu’aux contrées rurales des autres, chemins de terre ou fleuve de bravoure, où les détonations fatiguées de la motocyclette mènent parfois tout droit vers des terres ancestrales qui respirent leur héritage mystique. Quelque part autour du Machu Picchu, ou dans un camp où l’on soigne des lépreux, Salles se détache des cartes postales pour brandir une carte d’identité. Celle de deux hommes, de millions d’autres, mais aussi de leur décor, d’une terre aux visages multiples que les deux compères pénètrent et sillonnent comme un seul pays. Carnets de voyage, ou le manifeste d’un continent.
LE JOURNAL D’ERNESTO
Dénuder une terre et désacraliser un mythe. Carnets de voyage s’attache à bousculer l’icône pour t-shirts, et troque les imprimés fashion pour entrevoir l'homme à petit h, la petite histoire et ses parfums de grande, Ernesto avant le Che. Pour suivre le voyage à pieds, à moto ou en bateau, en même temps que le cheminement idéologique et émotionnel d’un jeune homme de vingt-trois ans, en passe de devenir l’une des figures historiques de son siècle. Formellement irréprochable, le film de Walter Salles fait la part belle à ses acteurs, dans son picaresque badin comme dans son drame pudique. Rodrigo de la Serna d’abord, comparse du jeune Che, interprétant un Alberto Granado encore vivant aujourd’hui, et surtout Gael Garcia Bernal, héros discret aux vibrations lyriques, à la beauté sidérante et insolente, confirmant toutes les jolies choses entrevues il y a quelques mois chez Pedro Almodovar, dans sa Mauvaise Education. De l’autre côté de l’océan, Salles lui offre comme véhicule une histoire forte, traitée avec finesse et sincérité. Les carnets du réalisateur brésilien semblent remplis de ces visages qui ont beaucoup voyagé – l’exploration d’un continent est ici, et par-dessus tout, purement humaniste.
En savoir plus
La photo de Carnets de voyage a été confiée à un chef opérateur français, Eric Gautier. Ce dernier a notamment travaillé avec Olivier Assayas (Les Destinées sentimentales, Irma Vep, Clean), Patrice Chéreau (Ceux qui m'aiment prendront le train...), Arnaud Desplechin (Esther Kahn...) et Leos Carax (Pola X).