Carancho
Argentine, 2010
De Pablo Trapero
Scénario : Pablo Trapero
Avec : Martina Gusman
Photo : Julian Apezteguia
Durée : 1h47
Sortie : 02/02/2011
En Argentine, chaque année meurent dans des accidents de la circulation plus de 8OOO personnes, soit une moyenne de vingt par jour, cent vingt mille autres sont blessées. Sosa est un avocat spécialisé dans les accidents de la circulation. Lujan est une jeune médecin qui vient tout juste d'arriver dans la ville, travaillant dans des lieux multiples: les ambulances, les gardes des hôpitaux, des services d'urgence.
ZÉRO BLABLA, ZÉRO TRACAS
Depuis sa première apparition dans les festivals internationaux au début des années 2000, le cinéaste argentin Pablo Trapero nous avait habitués à des longs métrages sociaux durs au mal et à la mise en scène naturaliste, parfois trop signifiants pour être tout à fait honnêtes. Avec Carancho, polar musclé mais toujours branché sur la réalité la plus sombre de son pays, l’auteur de Leonera abandonne le côté «film de festival» de ses premiers essais et passe la vitesse supérieure. Mis en scène avec style, porté par un scénario hitchcockien brillant et malin, Carancho est le cauchemar éveillé d’un homme qui a abandonné toute morale par cynisme absolu et se retrouve confronté à ses propres démons quand enfin la porte de la rédemption s’ouvre enfin. Si la narration reste classique, Pablo Trapero signe peut-être avec ce film son passeport pour Hollywood, tant il démontre une vraie maîtrise dans la montée progressive du suspense, avec notamment une dernière demi-heure qui fait de la charpie des nerfs du spectateur, tant celui-ci s’identifie aux dilemmes moraux du personnage principal. Plus il s’enfonce, plus on éprouve pour lui de l’empathie. Il faut dire que l’assureur véreux est joué par le Javier Bardem argentin, Ricardo Darin déjà à son avantage dans Dans ses yeux et une nouvelle fois formidable ici.