Captain Marvel
États-Unis, 2019
De Anna Boden, Ryan Fleck
Scénario : Anna Boden, Ryan Fleck, Meg LeFauve, Nicole Perlman, Geneva Robertson-Dworet
Photo : Ben Davis
Musique : Pinar Toprak
Durée : 2h04
Sortie : 06/03/2019
Captain Marvel raconte l’histoire de Carol Danvers qui va devenir l’une des super-héroïnes les plus puissantes de l’univers lorsque la Terre se révèle l’enjeu d’une guerre galactique entre deux races extraterrestres.
LOST IN SPACE
Que s'est-il passé chez Marvel pour que leur standard qualité de jadis, notamment durant les deux premières "phases" qui ont même connu de très bons films de super-héros, soient progressivement devenue une formule tout juste distrayante mais trop légère et creuse puis, depuis un ou deux films, franchement médiocres? Après un léger soubresaut avec Black Panther, le crossover sans enjeux Infinity War, l'inconséquent Ant-Man & la Guêpe et maintenant ce Captain Marvel censé être la réponse du MCU à Wonder Woman ne se distinguent plus du niveau désormais indigent du blockbuster hollywoodien moyen. Sans même prendre en compte une quelconque guéguerre entre Marvel et DC ou la nécessité d'améliorer la représentativité dans leurs films, Captain Marvel apparaît un peu cheap, avec un scénario précipité, un tour de force dur à avaler pour un studio qui roule sur l'or. L'une des grandes réussites de Marvel était d'avoir rendu indéniable le moindre choix d'acteur pour ses personnages. Sans aller jusqu'à parler de miscast, la performance de Brie Larson peine à convaincre. Il faut dire qu'elle n'est pas aidée par une écriture qui peine à lui donner une réelle identité. L'idée même est au coeur du film mais à aucun moment l'héroïne ne s'incarne. Marvel oblige, elle est vaguement blagueuse, comme tous leurs personnages, et ce dès le départ, formant un buddy movie gentillet avec un Samuel L. Jackson qui sort quelque peu de son rôle habituel dans la série pour s'amuser un peu, en mode Au revoir à jamais light. Toutefois, si le film évite l'origin story basique et que le fait de lier l'enquête de la protagoniste sur les Skrulls à une enquête dans ses propres souvenirs et son passé était une bonne idée, le script la traite de façon si fonctionnelle qu'elle n'engage jamais le spectateur. Il en va de même pour l'autre piste thématique intéressante du film, qui plus est liée à la quête identitaire de Carol Danvers, concernant la remise en question de son propre point de vue sur une guerre ancestrale, dont l'évocation évite toute subversion pour demeurer superficielle. Un récit relativement laborieux et prévisible qui n'a d'égal que l'action illisible et inintéressante. Ant-Man & la Guêpe est plus inventif, c'est dire. Pourquoi avoir été chercher ce tandem du cinéma indépendant? Qu'apportent-ils? Même les derniers Spider-Man ou Thor ont une identité qui fait cruellement défaut à ce film-ci. L'imagerie '90s assumée ne rend le film que d'autant plus ringard en apparence. Les raccords avec le reste de l'univers Marvel (vu qu'il s'agit d'une préquelle) sont faibles et incohérents. Les scènes post-génériques qui autrefois faisaient dire "OOOOH LALAAAAAAA" tombent à plat en étant convenues. Que s'est-il passé?